Lancé l'an dernier au Festival des films du monde, où il a glané deux lauriers (prix du film canadien le plus populaire et prix d'interprétation pour Malin Buska), The Girl King suscite évidemment un intérêt particulier chez nous. Le dramaturge québécois Michel Marc Bouchard signe en effet le scénario de ce long métrage à caractère historique, coproduit par la Finlande, la Suède, l'Allemagne et le Canada.

Aussi, Mika Kaurismäki en signe la réalisation. Même si le cinéaste finlandais s'est fait plus discret que son frère cadet Aki sur la scène cinématographique internationale au cours des dernières années, il reste que des titres comme Helsinki - Napoli et Zombie et le train fantôme évoquent quand même des souvenirs aux cinéphiles.

The Girl King décrit le parcours de la reine Kristina de Suède (Malin Buska), une souveraine du XVIIsiècle, amoureuse des arts, des lettres, de la philosophie de René Descartes (Patrick Bauchau). Elle tombe aussi amoureuse de sa demoiselle de compagnie (Sarah Gadon). À l'âge de 28 ans, la jeune femme abdique son trône pour aller s'installer à Rome et se convertir à la religion catholique.

Le récit est principalement concentré sur le tourment intérieur d'une jeune femme, seule héritière du trône, qui, pendant toute son enfance, a été élevée comme un garçon par son père. Couronnée à l'âge de 18 ans, Kristina s'impose dès son premier discours en s'opposant aux valeurs très conservatrices d'un royaume marqué par les traditions luthériennes. En plus d'exposer un programme très progressiste, Kristina clame haut et fort sa volonté de faire de la Suède le pays le plus moderne d'Europe.

Sur le plan intime, tous les prétendants sont systématiquement rejetés du revers de la main. Attirée par les femmes, Kristina n'a que faire du mariage. Encore moins de l'idée de «produire» un héritier au trône.

Un film lisse

Le scénario de Michel Marc Bouchard évoque ainsi l'émoi profond que provoque l'arrivée au pouvoir de cette femme avant-gardiste, dont les idées vont complètement à l'encontre de l'ordre établi, y compris sur le plan militaire. Chercher à faire la paix avec les catholiques? Allons donc!

The Girl King est un film intéressant, bien joué, bien appliqué. 

Il est quand même dommage que la réalisation un peu trop sage de Kaurismäki ne traduise pas bien le caractère exceptionnel du personnage. Une approche plus «luthérienne» à la Bergman, ou plus baroque à la Chéreau (La reine Margot), aurait sans doute été plus indiquée. Tout sauf du tiède. À cause de son aspect un peu trop lisse, ce film aura du mal à marquer les esprits.

The Girl King est présenté en version originale anglaise avec sous-titres français.

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The Girl King (V.F.: La reine-garçon). Drame historique de Mika Kaurismäki. Avec Malin Buska, Sarah Gadon, Michael Nyqvist, François Arnaud. 1h43.

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Image fournie par K-Films Amérique