L'approche réaliste qu'a empruntée le réalisateur Jean-Philippe Duval pour porter à l'écran la célèbre légende québécoise constitue sans doute l'élément le plus percutant de ce film. On sent l'hiver, le froid, la dureté de la vie de chantier.

On sent aussi l'isolement de ces bûcherons qui, parfois, sont même prêts à faire un pacte avec le diable afin de pouvoir aller retrouver celles qu'ils aiment, ne serait-ce que le temps d'une nuit.

Écrit par Guillaume Vigneault, le scénario évoque les conséquences d'un pacte mystérieusement brisé. Le parfait amour que filent Liza (Caroline Dhavernas) et Jos (Francis Ducharme) est en effet vite compromis par des détours inattendus du destin, probablement même forgés par des forces maléfiques.

Le sombre et mystérieux Jack Murphy (François Papineau) est l'un des personnages clés d'une histoire qui prend sa source 25 ans plus tôt. 

Là intervient d'ailleurs l'aspect plus «fantastique» du récit. Le témoignage d'un compagnon de camp (Fabien Cloutier), qui lève le voile sur une énigme lors d'une discussion musclée avec Jos, est sans contredit le temps fort de ce drame hivernal.

Des élans romanesques

Si le récit flotte un peu avant de vraiment trouver son ancrage, force est d'admettre que Chasse-galerie, la légende se distingue grâce son exécution. À la mesure de ses moyens, le film propose des effets visuels qui s'harmonisent bien au récit.

Entre les deux chasse-galeries, Jean-Philippe Duval, qui signe ici un troisième long métrage (après Matroni et moi et Dédé à travers les brumes), s'attarde à dépeindre de façon authentique la vie de ces hommes, forcés à cohabiter ensemble sans ressources dans un espace restreint. En cette époque où les nouvelles pouvaient mettre des semaines avant de leur parvenir (quand elles leur parvenaient), ces travailleurs n'avaient d'autre choix que de fantasmer leur vie au village auprès des leurs.

Cette difficulté de communication laisse d'ailleurs un bel espace aux élans romanesques. Le réalisateur exploite en outre cet aspect en mettant au premier plan une histoire d'amour, que la distance rend d'autant plus dramatique. Caroline Dhavernas et Francis Ducharme développent à cet égard une complicité tangible à l'écran. Pour employer un cliché, disons qu'entre eux, la «chimie opère». Et contribue pour beaucoup à donner une dimension tragique à cette histoire.

On soulignera aussi la qualité d'ensemble d'une solide distribution. Les acteurs transcendent en effet la part plus fantastique pour donner au récit de vrais accents de vérité. Un bel ouvrage.

* * * 1/2

DRAME. Chasse-galerie, la légende. De Jean-Philippe Duval. Avec Francis Ducharme, Caroline Dhavernas, François Papineau et Fabien Cloutier. 1h49.

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PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE