Une maison au bord de la mer, quelque part dans la grisaille de la Patagonie. C'est là que vivent les membres d'un «club» dont on ne connaît trop les critères d'adhésion au départ. On ne compte qu'une seule femme au sein de ce groupe d'hommes d'âge mûr. La dynamique qui lie ces personnes ressemble d'ailleurs à celle qu'on retrouve dans les presbytères.

Très vite, le spectateur apprend que c'est bien de cela qu'il s'agit. À la différence que les hommes d'église auxquels s'intéresse le plus récent film de Pablo Larrain, surtout connu grâce à No, ont commis des actes répréhensibles. À tel point que les autorités catholiques ont préféré cloîtrer ces êtres infréquentables dans cet endroit reculé, histoire de les éloigner de leurs victimes, du regard inquisiteur de la justice et de la presse, bref, du monde entier.

Le fragile équilibre qui règne dans cette maison de «retraite» sera toutefois vite déréglé par l'arrivée d'un nouveau collègue.

Le nouveau résidant a en effet été repéré par l'une de ses victimes, aujourd'hui adulte. Cet homme aux allures d'épave, qui n'a plus que l'alcool pour anesthésier son mal de vivre, fait basculer le récit au cours d'une scène qui donne froid dans le dos à cause de son propos, très féroce, mais qui fait aussi sourire en distillant un humour très noir, très grinçant.

Des eaux brumeuses

Le cinéaste chilien oppose ici la brutalité intrinsèque des actes commis à l'environnement très policé dans lequel vivent leurs auteurs. Ce mélange donne évidemment un cocktail explosif dont le degré de toxicité atteint ici des sommets. Personne ne sera épargné dans ce jeu de massacre auquel assiste le spectateur, parfois dans l'inconfort.

Là réside d'ailleurs la force d'un film peu aimable, qui plonge dans des eaux aussi brumeuses que celles qui entourent la petite localité portuaire où se situe cette histoire.

Rappelons qu'en plus de gagner le Grand Prix au Festival de Berlin l'an dernier, El Club a aussi obtenu la Louve d'or du Festival du nouveau cinéma de Montréal.

Notez que ce film est à l'affiche en version espagnole avec des sous-titres français à Montréal (Quartier latin) et à Québec (Cinéma Cartier). Une copie avec des sous-titres en anglais est également proposée à Montréal (Cinéma du Parc).

* * * 1/2

DRAME. El Club. De Pablo Larrain. Avec Roberto Farías, Antonia Zegers et Alfredo Castro. 1h38.

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PHOTO FOURNIE PAR EYESTEELFILM