Production canado-australienne, Early Winter est le nouvel opus du cinéaste Michael Rowe, lauréat 2010 de la Caméra d'or du Festival de Cannes grâce à Año bisiesto (Année bissextile). Ce prix prestigieux, rappelons-le, est attribué au meilleur premier film, toutes sections confondues.

Pour Early Winter, son troisième long métrage (le deuxième, Manto Acuífero, a eu moins d'écho sur le plan international), le cinéaste australo-mexicain a mis le cap sur le Québec. Il a choisi pour cadre les rigueurs de notre hiver afin de décrire les difficultés d'un couple montréalais formé de Maya (Suzanne Clément), immigrante russe, et de David (Paul Doucet), Québécois bilingue. L'une des récriminations que formulera la femme fera notamment écho au fait que le couple est installé dans un milieu francophone dont elle comprend mal les codes. Et avec lequel elle a du mal à communiquer. D'où, d'ailleurs, l'usage de la langue de Shakespeare à l'intérieur de la maisonnée. Mais ce n'est pas là le moindre problème auquel fait face ce couple.

L'approche qu'emprunte le cinéaste est délibérément austère, sans compromis, sans effets dramatiques non plus.

Le récit recense avec justesse, à l'aide de menus détails, les signes d'un amour qui s'étiole dans un contexte familial où de jeunes garçons sont aussi impliqués.

On prendra en outre soin de décrire la réalité de vie de chacun des époux, en évoquant notamment des choses du passé qui, aujourd'hui, viennent les rattraper et semer le trouble.

On verra aussi David dans son milieu de travail, concierge de nuit dans un centre de soins de longue durée. Rowe évoque notamment la personnalité d'un homme qui, à l'aide de petits gestes, tente de veiller sur les patients. De retour à la maison, David est toutefois accueilli dans l'indifférence la plus totale. L'esprit de chacun est plutôt occupé par une dépendance à la vie virtuelle.

Beau, mais sombre

Maya, à qui l'on donne ici un rôle moins sympathique, souffre aussi d'un ennui chronique. Et tente d'anesthésier son mal du pays comme elle peut.

À vrai dire, Early Winter évoque plutôt deux solitudes vécues en parallèle plutôt que la dislocation d'un couple.

Les performances des deux acteurs principaux, magnifiques de retenue, méritent assurément d'être saluées. Leur jeu, tout en finesse, soutient l'intérêt.

À la Mostra de Venise l'an dernier, ce film, beau mais sombre, a remporté le prix du meilleur film de la section Venice Days, laquelle s'apparente à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.

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Drame. Early Winter (V.F.: Premières neiges). De Michael Rowe. Avec Suzanne Clément, Paul Doucet, Max Laferriere. 1h36.

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Image fournie par Filmoption International

L’affiche du film Early Winter