Alejandro Amenabar, Alex de la Iglesia, Jaume Balaguero, Luis de la Madrid, etc. Et maintenant Nacho Cerdà : l'apport des Espagnols à l'émancipation et au renouveau du cinéma fantastique international est indéniable. Chez les vrais mordus, le nom de Cerdà n'est pas tout à fait inconnu. Il est l'homme derrière le court-métrage gore et poétique Aftermath dans lequel un thanatologue s'amuse avec le cadavre d'une jeune femme avant de rapporter le cour de la morte à la maison pour le donner à son chien. Ce petit bout de film, peu recommandable aux âmes sensibles, a fait beaucoup jaser.

Avec ses distingués acolytes à la table d'écriture, Karim Hussain (La belle bête) et Richard Stanley (Hardware), Cerdà a pondu l'un des films d'épouvante les plus glaçants de ces dernières années. Quoi qu'un peu lourd et saturé de «rebondissements inattendus», le scénario, fort complexe, offre au cinéaste l'occasion de démontrer l'étendue et la diversité de ses talents. Techniquement parlant, The Abandoned est irréprochable. Rarement aura-t-on vu l'horreur suinter, l'horreur puer à ce point à travers l'image; ce film d'une froideur presque insupportable SENT la mort.

Grosso modo, il s'agit d'une histoire de revenants et de maison hantée, d'un thriller horrifique tordu et retordu en tous sens jusqu'au final en forme de queue de poisson. Une femme dans la quarantaine, citoyenne américaine en quête de ses véritables origines, fait un petit tour en Russie pour apprendre, par l'entremise d'un mystérieux notaire, qu'elle hérite d'une vieille demeure perdue sur une île dans les profondeurs campagnardes. Cette maison désertée et désolée, qui n'a pas reçu de visiteurs depuis 40 ans, recèle des mystères terrifiants.

À partir de ce schéma parfaitement classique, Cedrà et ses comparses ont réussi à faire un véritable cauchemar duquel on émerge remué, confus, ébranlé. Les caméras s'attardent longuement sur les lieux, décrépits, du drame : chambres infectes, sous-sols humides, bois pourri, caves moisies, recoins indescriptibles où se terrent 1000 mystères et d'où émergent des choses très peu agréables. The Abandoned rappelle l'excellent Session 9 de Brad Anderson.

À l'exception de quelques effets gore qui n'ont absolument rien de gratuit, qui sont bien amenés et bien intégrés à l'intrigue, The Abandoned n'accumule pas les scènes grand-guignolesques. Ce film est presque parfaitement maîtrisé, cela même si, par moments, on sent que le scénario a effectivement été écrit par un peu trop de monde. Qu'importe, il ne faut jamais manquer une occasion d'avoir la trouille, la vraie.

The Abandoned est présenté en anglais seulement.

The Abandoned
Film d'horreur de Nacho Cedrà. Avec Anastasia Hille, Karel Roden, Valentin Ganey.

Une Américaine en quête de ses vaporeuses origines retrouve aux fins fonds de la Russie le lieu de sa naissance. Cet endroit est hanté et notre héroïne devra affronter ses démons.

Ce film transpire la mort, exhale la pourriture et la décrépitude. Ça ne sent pas très bon. Les amateurs d'épouvante, sérieuse et adulte, seront complètement ravis.

*** 1/2