Vic Vogel. Ceux de nous qui ne le connaissent vaguement que de nom et de réputation s'en font sans doute l'image du jazzman «idéal», c'est-à-dire du vieux bonhomme à la fois jovial et bourru qui a bien connu les cabarets de la Main, qui parle un français plus ou moins douteux, qui joue le jazz comme il respire l'air, qui a «ça» dans le sang.

Il y a du vrai, mais Vogel, s'il a «ça» dans le sang, il l'a aussi dans la tête. Et ce musicien, ce compositeur et cet arrangeur hors pair n'écrit pas qu'avec ses tripes. Vrai aussi que ce routier a connu les grandes années jazz, pré-festival évidemment, de la métropole québécoise, qu'il a bien connu, croisé ou admiré de loin des phénomènes comme Oscar Peterson et Oliver Jones, qu'il a offert ses services au mythique groupe Offenbach.

Le documentaire L'homme de cuivre - Vic Vogel, présente un homme qu'on dirait «simple», c'est-à-dire «proche du vrai monde», mais en laissant clairement comprendre que, sous ses airs nonchalants, il y a un artiste scrupuleux, sévère presque, qui n'abandonne pas grand-chose au hasard. Le réalisateur Rénald Bellemare accorde une importance toute particulière au sérieux et à la rigueur ainsi qu'à l'amour avec lesquels Vogel, soucieux de la bonne interprétation des partitions, aborde la musique.

Dans L'homme de cuivre, on voit l'artiste de 70 ans, né à Montréal et d'origine hongroise, s'occuper d'une formation hétéroclite, le Big Band de Swinging Europe, constituée principalement de jeunes gens, venus de France, du Danemark ou de Suisse. qui devront faire une tournée lors d'un événement hommage à Oscar Peterson. Les caméras de Bellemare suivent les aventures et mésaventures de ce groupe dirigé, avec tendresse mais de main ferme, par un homme qui connaît la musique et qui ne s'en laisse pas passer.

Il s'agit d'un documentaire de facture télévisuelle, sans imagination ni audace formelle; un film qui, à notre humble avis, ne constitue en rien un véritable portrait. Vic Vogel est un homme qu'on devine fascinant et généreux, or le documentaire ne fouille en profondeur ni l'enfance, ni la jeunesse ni même les heures joyeuses de la Main. En ce sens, même s'il s'intéresse à un artiste parfaitement honorable, L'homme de cuivre laisse le spectateur sur sa (grande) faim. Il y avait pourtant là matière à faire un film exceptionnel.

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L'homme de cuivre...

Documentaire de Rénald Bellemard. 90 minutes

La vie du musicien Vic Vogel en capsules

Documentaire de facture télévisuelle sur un grand artiste qui mérite plus que ce reportage. Intéressant mais insatisfaisant.

** 1/2