Brenda Blethyn a le don (!) d'élever des enfants d'une timidité maladive. Du moins, sur écran. On se souviendra de sa «fille» dans Little Voice. C'est aussi le cas de Tim (Khan Chittenden), son fils de 20 ans dans Introducing the Dwights.

Une comédie dramatique australienne qui pose un regard amusé et chaleureux sur une famille de ratés sympathiques vivant dans un quartier humble de Sydney. Dommage que la réalisation de Cherie Nowlan ne soit pas aussi excentrique que les personnages imaginés par le scénariste Keith Thompson.

Bienvenue, donc, sous le toit des Dwights. Où le père, un chanteur country qui n'a eu qu'un succès et est maintenant recyclé en agent de sécurité, est absent. Pour tenir les rênes de la famille, Jean (Brenda Blethyn, on l'aura compris). Une main de fer dans un gant d'acier trempé. Le jour, elle travaille dans la cuisine d'une cafétéria. Mais sa vie, ce sont les contrats qu'elle décroche, le soir, dans des cabarets de catégorie... heu, C? D?

Là, elle se fait stand-up comic. Son thème de prédilection? Les maris qui sont des mufles. Les relations sexuelles qui font «grimper» au ras de la moquette et non septième ciel. Les SPM. Rien de très original même si la dame est très à l'aise sous les projecteurs. Elle s'y épanouit. Comme dans le passé, puisqu'elle a autrefois fréquenté le succès. C'était avant les enfants.

Eux, sont deux. Mark (Richard Wilson), qui a manqué d'oxygène à la naissance et est légèrement déficient mental (mais si sa gestuelle traduit son handicap, il est, paradoxalement, le roi du calembour et de la réplique assassine). Et Tim. Le bon garçon qui seconde sa mère, entre autres en faisant des déménagements avec la camionnette familiale. C'est là qu'il rencontre Jill (Emma Booth). Dont il tombe amoureux. Elle est délurée. Enfin, plus que lui. Résultat: la première fois qu'ils se retrouvent dans une chambre, elle prend pour du rejet ce qui, en fait, est la crainte d'un puceau.

Mais ils finiront par se comprendre. Et auront à surmonter le premier véritable obstacle de leur relation: maman. Qui vient de tomber «du mauvais côté de la cinquantaine» et qui se prépare pour une importante audition. Pour un cabaret de classe... heu, presque A. B, disons. Une bru dans le portrait, elle n'avait pas besoin de ça à ce moment-là. Elle va le faire savoir.

Insupportable, ce personnage? Il le pourrait. Si l'on ne sentait, dès le début, la fêlure. Que l'on comprend en temps et lieu. Cette femme égocentrique, mais chaleureuse et aimante quand il s'agit de ses fils, s'ouvre et se fait étonnamment touchante.

Mais, malgré la bonne interprétation de Brenda Blethyn, là ne se trouve pas le principal atout de Introducing the Dwights. Elle est plutôt dans le jeune couple en éclosion. D'abord, Khan Chittenden et Emma Booth sont extrêmement photogéniques. Et puis, la tendresse avec laquelle Cherie Nowlan filme leurs premiers émois et ébats, leur timidité des premiers temps et leur apprivoisement mutuel, perce le grand écran. Et percera aussi bien le petit.

Bref, dans le cas présent, ce n'est pas un crime de lèse-septième-art que d'attendre la sortie du DVD.

THE DWIGHTS
Comédie dramatique de Cherie Nowlan. Avec Brenda Blethyn, Khan Chittenden, Emma Booth, Richard Wilson. Fils d'artistes qui n'ont jamais vraiment percé, Tim est le garçon dont toute mère rêve. Jusqu'au jour où le rêve tourne au cauchemar pour maman: l'espoir de carrière s'effondre au moment où fiston tombe amoureux. Portrait d'une famille de ratés sympathiques. De bons personnages, de bonnes lignes, mais une réalisation qui crie: «Pourquoi ne pas attendre le DVD?» ** 1/2