Texas, 1939. Du sang dégouline le long des jambes d'une grosse dame, forcée d'accoucher debout (!). Jaillit un nouveau-né visqueux. La vie du massacreur à la tronçonneuse, Thomas Hewitt, démarre en beauté puisqu'il est aussitôt jeté à la poubelle (!). Ça tombe bien: Luda Mae y préparait son lunch (!). Elle emmène le marmot à la maison...

Trente ans plus tard, Thomas ressemble à une armoire à glace, en plus effrayant: il a un masque de cuir sur le visage (!). Le profil psychologique du personnage est assez vite défini. C'est un nerveux qui joue du couteau. Quand l'usine à viande où il travaille ferme, il massacre au marteau (!) son ex-employeur. Nous voilà plongés dans le vif du sujet. Non loin de là s'égaient de jeunes Californiens dans un motel. Handley et Bomer, appelés à servir leur patrie au Vietnam, profitent de leur dernier road trip avec leurs blondes. Quand leur voiture frappe une vache (!) après une course-poursuite avec une «motarde» armée (!), ils pensent qu'ils viennent de connaître l'enfer. C'était compter sans le redoutablement vicieux shériff Hoyt, qui emmène tout le monde au trou (!).

Au programme: on verra, non sans dégoût, les Hewitt improviser dans l'art du massacre. Du sang épais giclera, des os seront brisés, des gorges seront tranchées. Des nymphettes s'égosilleront dans des sous-bois un soir de pleine lune. Au final, tout le monde finira par bouffer les pissenlits par la racine. La question étant... en combien de morceaux? Bref, le massacre ne fait que commencer dans cette genèse de Massacre à la tronçonneuse. Le spectateur visite les entrailles de la famille Hewitt, et trouvera - peut-être! - des réponses aux torturantes questions qu'il se posait après avoir vu les films précédents de la série. D'où vient cette vilaine manie de dépecer les touristes égarés? Pourquoi le shériff Hoyt est-il aussi méchant?

Réjouissant? Pas vraiment... Si la famille Hewitt se farcit la panse, le spectateur, lui, reste sur sa faim. Contrairement à ce qui est annoncé, on essaie à peine de nous convaincre que l'homme au masque de chair a une âme. Quant au pourquoi du comment, on est un peu déçus de voir que la tronçonneuse tombe sous la main du tueur par hasard. Le tout est tellement tiré par les cheveux que l'on s'approche joyeusement de l'auto-parodie. Cette évidente virtuosité dans la nullité réjouira les amateurs de films pas d'histoire-pas de scénario. Parmi les incontournables de l'aberration, on tombera sous le charme de l'acharnement naïf avec lequel une des hippies va se jeter toute seule sous la tronçonneuse encore fumante du tueur (!).

Pour ce qui est d'être dégueulasse et absurde, on peut dire que c'est une réussite. Malheureusement, on est loin de la puissance d'évocation du Massacre à la tronçonneuse original. Dommage que les moyens comme la fin soient aussi prévisibles que dans un film porno.

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* * 1/2

THE TEXAS CHAINSAW (...), film d'horreur de Jonathan Liebesman. Avec Jordana Brewster, Taylor Handley, Diora Baird, Matthew Bomer, Lee Tergesen.

Où la famille Hewitt est-elle allée chercher sa vilaine habitude de massacrer à la tronçonneuse, de dépecer puis de cuisiner de jeunes Californiens?

Le sang gicle, jaillit, coagule dans cette genèse du cannibalisme de la famille Hewitt. Végétariens s'abstenir.