Au Festival de Toronto, ce long métrage de fiction, tourné dans un style documentaire par le réalisateur britannique Gabriel Range, a créé l'événement par son caractère sensationnaliste. C'est en effet dans Death of a President (Mort d'un président en version française), que le président George W. Bush est assassiné. Une histoire fictive racontée d'une manière réaliste qui se révèle pour le moins efficace. Range intègre en effet des scènes d'archives dans lesquelles les vraies personnes semblent être partie prenante de l'histoire. Des effets techniques ont aussi été parfois utilisés afin que les protagonistes agissent dans un sens qui sied à l'histoire imaginée par l'auteur cinéaste.

Le premier acte de Death of a President est aussi troublant que fascinant. Range raconte la visite à Chicago du président, en cette journée fatidique du 19 octobre 2007, en montrant le devant de la scène mais aussi les coulisses.

À l'aide de fausses interviews, réalisées trois ans après l'attentat avec les principaux intervenants (tous incarnés par des acteurs), le récit s'attarde ainsi à décrire le mode de fonctionnement avec lequel on assure la sécurité du président dans ses déplacements.

Ce jour-là, des protestataires très en colère s'étaient d'ailleurs déplacés nombreux pour l'accueillir, incitant les services secrets à la plus haute vigilance. À l'intérieur de l'hôtel Sheraton de Chicago, le discours du chef d'État s'est pourtant déroulé sans incident. C'est en sortant par le lobby, (il avait insisté pour passer par là afin de saluer ses partisans), que le président fut atteint de deux balles tirées du 20e étage d'un édifice situé en face. Étonnamment, cette scène évite toute complaisance. Bush, qu'on voit alors à peine, est en effet très vite poussé dans la limousine par les agents secrets.

C'est après l'attentat que le film perd son impact. Range porte alors son attention sur les politiques radicales qu'emprunte le gouvernement américain (désormais sous les auspices du président Dick Cheney!), notamment grâce à l'instauration du Patriot Act 3, qui donne aux autorités des pouvoirs encore plus accrus.

Parallèlement, Range raconte comment s'est déroulée l'enquête qui a mené à l'arrestation d'un suspect d'origine syrienne. Et les dérapages qui en ont découlé.

Le cinéaste, qui a coécrit le scénario avec Simon Finch, s'éparpille alors un peu. Il ne parvient pas, en tout cas, à maintenir la tension qu'il avait su créer jusque-là. Sa critique manque même un peu de nerf.

Cela dit, Death of a President trouve sa pertinence dans cette volonté de proposer une fable politique dont la nature, collée à la réalité, donne froid dans le dos. Range force aussi une réflexion troublante sur la manipulation.

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DEATH OF A PRESIDENT (V.F. MORT D'UN PRÉSIDENT), docufiction réalisée par Gabriel Range. Avec Hend Ayoub, Brian Boland, Becky Ann Baker. 1h30.

Trois ans après l'assassinat du président Bush en 2007, une équipe réalise un documentaire.

Un récit prenant dont l'impact s'étiole en cours de route.