Il y a des films que l'on attend avec un préjugé favorable. Pour moi, il en allait ainsi pour The Fountain. Parce que le sujet me parlait - il y est question d'une histoire d'amour qui défie la mort et dont tout un pan se déroule entre les pages d'un roman en cours d'écriture. Parce que j'ai adoré Requiem for a Dream, écrit et réalisé par le même Darren Aronofsky. Parce qu'en février 2005, j'ai passé une journée dans les studios Mel's, à Montréal, où se faisait le tournage et que j'ai vu l'investissement émotif de chacun. Parce que lorsque j'ai interviewé Hugh Jackman pour X-Men 3, il n'en avait que pour The Fountain : «Ce film est oscarisable et ce réalisateur, le prochain Kubrick », avait-il affirmé avec conviction.

Ô, déception!

Surréalisé pour masquer le manque de moyen - 40 millions au lieu des 70 prévus - et se prenant au sérieux, d'où la prétention que distille l'ensemble, le long métrage s'éparpille et, à l'arrivée, s'avère confus. Et porteur d'un message sucré gnangnan : la mort fait partie du cycle de la vie et de la renaissance, il faut donc l'embrasser et non la craindre.

Édifiant, non?

Pour raconter cela, The Fountain coule sur trois époques que Hugh Jackman porte sur ses épaules et incarne par différents degrés de pilosité.

Dans le format contemporain, il est Tommy (coiffure «ordinaire», menton rasé de près), un médecin qui cherche une cure pour le cancer du cerveau... dont souffre sa femme Izzy (Rachel Weisz) - elle en mourra quelques heures après qu'il ait trouvé la cure en question, lui léguant le livre qu'elle est en train d'écrire, The Fountain, dont elle lui demande d'écrire le dernier chapitre.

Le roman se déroule au XVIe siècle. Tomas le conquistador (Hugh, chevelu et barbu et waouh!), pour sauver la reine Isabella (re-Rachel Weisz) des méchants inquisiteurs, part au Nouveau-Monde à la recherche de l'arbre de la vie dont parle la Bible (c'est le cousin de l'arbre de la connaissance dont Ève a goûté le fruit).

Fort des connaissances acquises ici et là, Hugh se fait Tom l'astro-explorateur (chauve et glabre et bof) qui, au XXVIe siècle, voyage dans son vaisseau-bulle où pousse un arbre de vie... en train de mourir, en quête d'une nébuleuse où pourrait ressusciter Izzy / Isabella.

Autant d'amour et si peu d'émotion et tant de circonvolutions inutiles! C'est à peine croyable. Allez, je m'en vais de ce pas me louer Love Story.

THE FOUNTAIN, drame métaphysique de Darren Aronofsky. Avec Hugh Jackman et Rachel Weisz.


Un médecin découvre le moyen de soigner le cancer du cerveau... mais trop tard pour sauver sa femme. Il entreprend un voyage historico-ésotérico-spiritualico-science-fictionnel afin de la sauver.

Ni tout à fait historique, ni tout à fait ésotérique, ni tout à fait spirituel, ni tout à fait science-fiction. C'est tout. Donc, ici, n'importe quoi. Dommage.

**