Jack (Vlasta Vrana) nage en plein délire. Ou en plein cauchemar. Sa fille, Jessica, a été enlevée il y a plusieurs années. Il a alors acquis l'intime conviction que sa disparition est le fait d'une secte. Il essaie de s'infiltrer dans cette secte, dont le rite macabre est de sacrifier leur «roi» de l'année, après l'avoir couvert de femmes et de cadeaux.

Quand il se trouve un emploi de concierge, Jack est persuadé qu'il sera sacrifié selon le rituel par le propriétaire. On suit alors Jack dans son attente de la mort. À moins que cela ne soit dans les méandres de son âme. Ou dans les tréfonds de sa folie.

Découpé en quatre saisons, le film se déroule selon un temps lent, long. Seul sursaut (ou électrochoc), des images violentes, qui ponctuent, secouent le film sans prévenir. S'agit-il d'anticipations? De souvenirs? De rêves? Tout comme les victimes d'hallucinations, on se retrouve à craindre cette ponctuation macabre.

La caméra, subjective, ne laisse, a priori, aucune chance au spectateur de dénouer des fils ou de comprendre le sens de l'intrigue. Filmé en bleu et blanc, en rouge et noir, en sépia, A Year in the Death of Jack Richards intrigue, puis perturbe. Voilà un drame psychologique finement monté par le réalisateur-scénariste, Benjamin P. Paquette.

Dans ce huis clos de Jack avec lui-même, il faut saluer le travail de Vlasta Vrana (vu aussi dans Human Trafficking) et de Micheline Lanctôt, en belle vaporeuse ou belle évaporée, qui propose sa première interprétation en anglais depuis 25 ans. Côté sous-titres en français, on déplorera néanmoins un manque d'attention sur la syntaxe et l'orthographe.

Ceux qui aiment se faire alpaguer par la folie ordinaire se laisseront angoisser par ce premier long métrage perturbant. À la façon de la littérature de Kafka (La métamorphose) ou de Guy de Maupassant (Le Horla), le film navigue, entre le conscient et l'inconscient, le réel et la fantaisie, le cauchemar et le rêve éveillé. Sans que le spectateur, pris malgré lui à partie, ne dégage aucune certitude quant au drame tragique qui se noue sous ses yeux.

Tourné il y a sept ans, avec un budget de 300 000 $, A Year in the Death of Jack Richards est le premier axe d'un triptyque consacré à la psychologie de l'amour romantique. Le réalisateur Benjamin P. Paquette y fait preuve d'une maîtrise certaine du langage cinématographique, des tortures psychologiques, d'un goût pour des plans froids et composés. Une voix très personnelle dans le paysage cinématographique canadien.


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A Year in the Death of Jack Richards, drame psychologique de Benjamin P. Paquette. Avec Vlasta Vrana, Micheline Lanctôt.

Jack Richards est prêt à payer de sa vie son entrée dans une mystérieuse secte, afin de découvrir ce qui est arrivé à sa fille. À moins que Jack ne soit en train de sauter les plombs. Qui sait

Un premier film tragique, psychologique, personnel et intelligent. À découvrir.