Il y a des chasses au trésor moins sanglantes que celle exposée dans Smokin' Aces! Moins compliquées également. Les protagonistes de cette comédie dramatique explosive en font vite trop pour épater la galerie et perdent vite les pédales. Un défaut? Une qualité? Ça dépend pour qui!

Las Vegas étant ce qu'il est, on parle évidemment d'argent, de magouilles, de mafia et de coups pendables dans Smokin' Aces (Coup fumant en version française). Dans une intro où les infos fusent et s'entrechoquent (ne mâchez pas du maïs soufflé pendant les 10 premières minutes du film si vous voulez tout saisir!), on fait la connaissance de Buddy «Aces» Israel (intense Jeremy Piven), prestidigitateur étonnant qui flirte depuis toujours avec la mafia.

L'artiste sent sa fin approcher depuis que des enquêteurs du FBI l'ont forcé à dévoiler le nom de la tête dirigeante de la famiglia. Cette dernière n'a pas tardé à mettre la tête du magicien à prix : 1 million de dollars, soit un joli magot pour une dizaine de bandits qui convergeront tous vers l'hôtel où se terre Aces. Il y a les deux filles qui comptent approcher leur cible en usant de leurs charmes, un criminel passé maître dans l'art de la métamorphose et de la torture, des crapules avec le dixième du quotient intellectuel d'une chenille qui ne comptent que sur leur gros bras pour arriver à leur fin S'ajoutent au groupe, des agents du FBI qui ont le devoir de protéger Aces, mais qui arriveront évidemment sur place juste un peu trop tard

Pour raconter son histoire, Joe Carnahan (Narc) a conçu un moule attrayant. On sent que chaque scène a été étudiée et filmée avec soin. Les paysages immortalisés pourraient trouver leur chemin jusque dans un documentaire de National Geographic, même lorsqu'ils sont maculés d'hémoglobine. Rien à reprocher du côté de la cinématographie donc, si ce n'est que le réalisateur fait, grâce à son esprit méticuleux, l'apologie de la violence.

Certaines scènes sont exagérément longues. Les personnages du bon et du mauvais côté de la force n'en finissent plus d'agoniser. C'est Ocean's Eleven de Steven Soderbergh, mais en plus cruel, plus sanglant, livré maladroitement. Et avec des acteurs (toute une brochette néanmoins) moins bien dirigés. Qui semblent parfois l'avoir pris vraiment trop au sérieux cette chasse au trésor. Dans bien des scènes, la prétention prend le dessus sur le plaisir.

On trouve difficilement le ton entre la comédie noire ou l'histoire purement violente. Probablement parce que l'esthétique masque le plus important, le but de l'affaire, et qu'on y est allé avec ce qui est le plus galvaudé dans le monde interlope du Nevada. Le sexe, la drogue, les pétards et les nuits rock'n'roll.

Jeremy Piven qui, en apparence, s'est mis tout un rôle de composition sous la dent avec Aces, n'a finalement qu'une facette de son personnage à offrir : le gars énervé à la cervelle gelée. On en vient à s'attacher plus rapidement à certaines crapules qui veulent sa peau. Était-ce le désir de Carnahan?

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SMOKIN' ACES (V.F. : COUP FUMANT). Comédie dramatique de Joe Carnahan. Avec Jeremy Piven, Ryan Reynolds, Alicia Keys, Ben Affleck et Andy Garcia.

Lorsque la tête d'un prestidigitateur mafieux de Las Vegas est mise à prix, une armada de bandits font tout pour avoir le magot.

Trop de magouilles dans le Nevada.