Mike White parvient, grâce à son écriture, à pousser les gens à éprouver de la compassion pour les plus bizarres représentants de l'espèce humaine. On se souviendra des étranges spécimens qu'interprètent Jake Gyllenhaal et Jennifer Aniston dans The Good Girl. Ou encore de Buck, le simple d'esprit obsédé par celui qui était son meilleur ami d'enfance, qu'il incarne dans Chuck & Buck. Et puis, Jack Black dans School of Rock et Nacho Libre, ce n'était pas le plein équilibre mental!

Le scénariste, qui fait des débuts concluants de réalisateur avec Year of the Dog, n'a pas changé en passant derrière la caméra. Cap sur le malaise et l'inconfortable. C'est prémédité.

Au centre de ce long métrage, Peggy (Molly Shannon). Seule dans la vie comme dans son lit. Elle est bonne secrétaire, bonne amie, bonne tante pour les enfants de son frère. Son seul vrai rayon de soleil, c'est son beagle Pencil. Qui s'éteint brutalement. Empoisonné. Tout s'écroule alors autour de Peggy. Elle cherche du réconfort auprès d'un voisin (John C. Reilly). Se trompe. Croit en trouver chez un défenseur des droits des animaux (Peter Sarsgaard). Se fait alors caméléon, et adopte, en vrac et sans nuance, les valeurs de celui qui semble si bien la comprendre.

Elle devient végétalienne, milite contre les expériences menées sur les animaux. Et se donne la mission de partager non, d'imposer ses convictions nouvelles à ses collègues, son patron, sa famille. Quitte à poser des actes malhonnêtes ou d'un goût douteux.

Spectatrice de sa vie, elle décide soudain d'y tenir le rôle principal. Maladroitement. Elle avait bien peu. Elle perdra tout dans l'aventure. Avant de remonter la pente à sa façon... qui pourra sembler étrange à certains. Mike White est en effet plus à l'aise à imaginer la déconfiture que la reprise en main. C'est un genre. Et il lui sied.

Outre un scénario délicieusement tordu qui met en relief les obsessions des uns et des autres (chaque personnage possède la sienne), la grande force de Year of the Dog réside dans le jeu impeccable des acteurs en présence, Molly Shannon en tête.

À la manière d'Adam Sandler et de Will Farrell, d'autres anciens de Saturday Night Live, elle fait ici un premier pas hors de la comédie. Year of the Dog, pour elle, est ce qu'a été Punch-Drunk Love et Stranger than Fiction pour les deux autres. Et elle s'en tire haut la main, dans cette... tragédie de situation.

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YEAR OF THE DOG

***1/2

Comédie dramatique de Mike White. Avec Molly Shannon, John C. Reilly, Peter Sarsgaard, Laura Dern.

Une femme solitaire et effacée voit son monde aussi douillet que beige s'écrouler après la mort de son chien adoré.

Rire et malaise marchent main dans la main dans cette comédie douce-amère où l'humour non conventionnel de Mike White fait merveille.