Il aura fallu plus de deux ans pour que Le cou de la girafe, premier long métrage réalisé et écrit (avec l'aide de Danièle Thompson) par Safy Nebbou, nous parvienne. C'est plus ou moins étonnant, ce film aux allures de téléfilm étant de ceux devant lesquels on ne sait trop sur quel pied danser. Trop drôle pour être un drame. Trop dramatique pour être une comédie. Tantôt émouvant. Tantôt agaçant. Bref, à moitié réussi (pour les optimistes) ou à moitié raté (pour les pessimistes).

L'histoire est celle de Mathilde, 9 ans, incarnée par Louisa Pili, petite actrice au très grand potentiel. Enfant du divorce, elle vit avec sa mère, Hélène (incarnée par une Sandrine Bonnaire qui, pour une rare fois, manque de nuances). Mathilde, toujours, adore son grand-père, Paul, un libraire raffiné qui, après une opération cardiaque, est confiné dans une maison de convalescence. Lui est interprété par Claude Rich, qui incarne ce que ce film a de meilleur. Il est à la fois je-baisse-les-bras et je-relève-la-tête, son regard bleu se fait ironie ou nostalgie, pétillant ou vague. À volonté.

Mathilde, enfin... et d'abord, fugue de nuit et va chercher Paul. Elle a trouvé des lettres. Signées Madeleine. La grand-mère qu'Hélène a toujours dit morte. Mais qui, en réalité, a quitté le giron familial il y a 30 ans, quand Hélène avait 10 ans. Madeleine qui, au moment de la naissance de l'enfant, a envoyé une dernière lettre. Disant combien elle espérait, un jour, la rencontrer.

Commence alors une traversée de la France de Paris à Biarritz. En train, pour Mathilde et Paul (dont la fuite est cachée par ses vieux amis du «mouroir» parmi eux, Darry Cowl, drôle et attachant, en vieillard en quête d'affection et responsable d'une des parties les plus amusante du film). En voiture, pour Hélène... lorsqu'elle découvre le pot-aux-roses.

Au bout de la route, des retrouvailles. Qui en sont tout en n'en étant pas vraiment. Doux amer, le point de chute. La quête des racines donne des réponses, mais pas nécessairement celles qu'on imaginait. Et puis, il y a ce fossé des générations que Safy Nebbou présente comme infranchissable lorsque vient le temps de communiquer. Les mots coulent dans les flots. Ou se dissipent dans le courant. Et des mots, il y en a, dans ce long métrage où plusieurs phrases font mouche, font rire ou émeuvent, mais dont les dialogues sont trop explicatifs.

Et on sort du Cou de la girafe (nom de la librairie qu'avait, autrefois, tenue Paul et Madeleine) avec le coeur serré. Comme après un rendez-vous un peu raté. Mais donc, aussi, un peu réussi.
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* * 1/2

LE COU DE LA GIRAFE, comédie dramatique de Safy Nebbou. Avec Sandrine Bonnaire, Claude Rich, Louisa Pili.

Une fillette fait une fugue en compagnie de son grand-père afin d'aller rencontrer sa grand-mère qui, 30 ans plus tôt, a déserté la famille laissant derrière elle un mari et une enfant qui ne se sont jamais remis de sa disparition.

Un road movie familial qui attendrit autant qu'il agace. Une quête des racines qui s'enlise dans le fossé des générations mais surnage, bien, grâce à un vétéran et à une découverte. Donc, pas de quoi prendre ses jambes à son cou... de la girafe.