Un effroyable monstre né du détonant mélange de produits chimiques sème l'effroi à Séoul. Sorti tout droit du fleuve Han, l'horrible poisson a croqué quelques vacanciers sur les berges avant de replonger dans les eaux sombres, en emportant le plus jeune membre de la famille Park, la jeune Hyun-Seo.

Depuis l'effroyable descente de la bête, le monde est en état de choc. Le poisson-monstre porterait les germes d'un virus bubonique. De son côté, la famille Park pleure Huyn-Seo (A-Sung Ko). Un appel de la fillette, sortie miraculeusement intacte des entrailles de la bête avec son cellulaire et retenue prisonnière dans les bas-fonds des égouts, va lancer la famille dans une traque tragico-comique.

C'est vrai : un monstre, un pays dans le chaos, un virus dangereux, cela rappelle tant Godzilla que L'armée des douze singe ou Alien. Bref, pas de quoi émoustiller le spectateur, et encore moins le festivalier à Cannes. Pourtant, le film a suscité 14 millions d'entrées en Corée lors de sa sortie, tout en étant la sensation sur la Croisette l'an dernier.

Réjouissons-nous. Bong Joon-Ho (Memories of a Murder) joue avec les classiques de la science-fiction, c'est pour mieux éviter les poncifs du genre. Ici, pas de héros patriotique suintant dans un marcel. Pas de surhommes happés par leur destin. Juste une famille de bras cassés qui va mettre à disposition ses maigres ressources pour retrouver leur bijou de petite-fille.

La traque du monstre se fera à coup d'arbalètes et de fusils déchargés plutôt que d'armes de pointe. Bong Joon-Ho fait de ce combat désespéré, dérisoire et drôle à la fois, la parabole de toutes les luttes des modestes contre les puissants, autorités coréennes, américaines, et autres nantis de ce monde.

L'horrible bestiole n'est qu'un prétexte, non pas à tester de nouveaux effets spéciaux, mais à évoquer le rapport des Coréens (et du réalisateur) avec le fleuve Han. Le spectateur est ballotté dans les entrailles du fleuve et de la ville, là où l'humain se perd, et là où la nature n'est plus.

L'originalité de The Host tient tant dans sa proposition scénaristique que dans sa réalisation. Les effets spéciaux (signés par l'équipe de The Day after Tomorrow et Harry Potter) ne sont utilisés que pour servir le récit. Quant à la musique, elle colle parfaitement au récit tragi-comique de The Host. Bref, The Host excelle à tous niveaux.

La bête des égouts de Séoul a suscité l'adhésion de ses spectateurs un peu partout dans le monde. Avec The Host, Bong Joon-Ho inaugure un genre comico-fantastico-tragique qui devrait se répandre aussi efficacement qu'un bon virus. Un remake américain est d'ailleurs sur les rails.

Le film est présenté en version originale coréenne avec sous-titres anglais.

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THE HOST, film fantastique de Bong Joon-Ho. Avec Kang-go Song, Hae-il Park, Doo-na Bae, A-Sung Ko.

À Séoul, l'arrivée d'un monstre venu du fleuve Han provoque le chaos.

Le film d'action, revu et corrigé. Jubilatoire.