Sébastien (George Babluani), 22 ans, immigré géorgien, est embauché pour réparer le toit des Godon. Le jeune couvreur comprend dans des bribes de discussions que Godon attend une lettre et des instructions pour une affaire qui pourrait lui rapporter beaucoup d'argent.

Godon meurt d'une overdose peu après l'arrivée de la lettre. Sébastien décide de prendre sa place dans un train qui l'emmène d'abord à Paris. D'instructions en instructions, de train en train, il finit par arriver dans une maison en pleine forêt.

Commence alors un huis clos impitoyable, où des parieurs misent sur la vie d'autres joueurs, réduits au rang de simples numéros. Sébastien, devenu le numéro 13 (tzameti, en georgien) perdra son innocence dès les premières minutes de jeu.

Le premier long métrage de Gela Babluani (fils du cinéaste Témur Babluani) a commencé à faire parler de lui avant sa sortie, en février dernier. Récipiendaire d'un prix à Venise et à Sundance, 13 Tzameti fut comparé par les critiques américains aux films de Tarantino ou d'Hitchcock.

Force est de constater qu'en trois parties, le jeune réalisateur, installé en France depuis 10 ans, signe le récit d'une nuit dans l'horreur avec une maîtrise implacable de l'image, du montage et du suspense.

La première partie de 13 Tzameti plante le décor. Il y a les flics, qui rôdent autour de la maison, puis suivent Sébastien. Pourquoi? Les instructions pour l'affaire sont distillées avec parcimonie. Pourquoi? Finalement, le spectateur débarque dans un huis clos infernal avec autant d'informations que Sébastien. Et c'est le même effroi, la même stupeur qui le saisit, quand il découvre, avec Sébastien, la mécanique d'un jeu pervers, où la vie des joueurs ne tient qu'à la mort des autres.

La deuxième partie fait la démonstration de la brillante maîtrise de Babluani de la langue cinéma. Tant dans la direction du jeu d'acteurs que dans sa maîtrise à installer l'angoisse, qu'à la prolonger, et mieux, la donner à vivre à son spectateur.

Il y a de l'effroi, de la haine, de la stupeur dans les yeux des joueurs de ce jeu morbide. Le macabre suinte dans cette maison, où les règles de mise à mort sont réglées comme du papier à musique. La mise en scène, comme dans le jeu des acteurs, ne doit rien au hasard.

Outre la performance de George Babluani, dont c'est la première apparition dans un long métrage, on saluera les prestations d'Aurélien Recoing en parieur brutal et de Pascal Bongard en maître d'une cérémonie qui rend la mort ordinaire.

Le tout fait penser tant aux films soviétiques, qui ont indéniablement forgé la culture de Babluani, qu'aux films de suspense français. Babluani met sous tension dès les premières secondes son spectateur, et le tient en haleine jusqu'à la dernière scène. Une effroyable leçon de suspense.

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13 TZAMETI, Drame de Gela Babluani. Avec George Babluani, Aurélien Recoing, Augustin Legrand.

Sébastien répare le toit d'une maison sur le bord de la mer. Quand le propriétaire meurt d'une overdose, il décide de se prendre sa place dans le train. Pourquoi faire? Il l'ignore. Seule certitude: s'il revient de ce voyage, il sera riche.

Ce film traumatisant aligne des plans stylisés, proches de la bande dessinée, dans un suspens magistralement mené.