Un soir d'automne, sa fille regarde la télé et tombe sur La peau et les os. «Est-ce que c'est toi maman?» Hélène Bélanger-Martin se rend à l'évidence: il y a une trace publique de son désordre alimentaire.

Inconsciemment, Hélène a enfoui cette éprouvante partie de sa vie. Sans doute par peur d'être jugée, elle n'en parle jamais. Pourtant, des milliers de femmes souffrent de boulimie et d'anorexie. Pourquoi donc taire son passé?

Elle décide de donner une suite au documentaire-choc de Johanne Prégent. Afin de «mettre les mots les plus justes possibles sur ce mal-être dévastateur» et de montrer aux gens qu'«il y a une vie saine après la maladie».

Pour le public qui a été saisi par La peau et les os, il est réconfortant de revoir Hélène en santé, de même qu'Annie Vincent. À l'époque, les deux adolescentes hospitalisées à Sainte-Justine étaient «dans» la maladie. Aujourd'hui, elles la comprennent. Elles peuvent expliquer à quel point elles souffraient et se sentaient seules. Comment il y avait «deux voix» à l'intérieur d'elles. Une voix qui dit: sois mince, au point de ne pas manger ou de te faire vomir.

Pour les besoins du documentaire, Hélène et Annie se sont retrouvées dans un chalet des Cantons-de-l'Est avec Marlène et Isabelle, qui ont aussi vécu un trouble alimentaire. Pendant quatre jours, les quatre mères ont partagé leur vécu.

Leurs témoignages sont au coeur de La peau et les os... après. Hélène Bélanger-Martin se met également en scène dans des images métaphoriques - sous l'eau ou dans un trou de sable - qui traduisent la détresse et la solitude des personnes aux prises avec un trouble alimentaire.

Malheureusement, on parle peu de guérison. De ce qui a permis à chacune de changer leur relation avec la nourriture. On voudrait en savoir plus sur leur cheminement et sur leur après-anorexie.

Alors que des scènes se voulant chocs manquent leur cible, d'autres sont belles et inspirantes. Notamment quand l'amoureux d'Hélène la peint de dos, nue. Quand Annie revoit le Dr Jean Wilkins de l'hôpital Sainte-Justine. Quand les mères rigolent devant un coucher de soleil. Ou quand Charlotte dit vouloir: «que quelqu'un me prenne dans ses bras».

En 1988, Johanne Prégent exposait une maladie méconnue. En 2006, Hélène Bélanger tente de mieux la faire comprendre. Son film est utile et touchant. Même s'il en dit peu sur le processus de guérison.

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LA PEAU ET LES OS..., documentaire de Hélène Bélanger-Martin. Avec Isabelle Bédard, Hélène Bélanger-Martin, et Marlène Duchesne.

Quatre femmes témoignent pour donner de l'espoir aux proches ou aux personnes qui souffrent d'anorexie ou de boulimie.

En utilisant des images fortes et en attendant les déclarations chocs, la réalisatrice manque parfois sa cible.