Ahmet Ertegun est mort le 14 décembre dernier, à l'âge de 83 ans. Sa disparition a été soulignée dans les journaux et les magazines de rock. Mais on en sait encore trop peu sur le fondateur de la maison de disques Atlantic, qui fut l'un des géants de l'industrie du disque américaine.

Ce fascinant documentaire se charge, une fois pour toutes, de combler les vides. The House That Ahmet Built mesure l'ampleur du travail accompli par Ertegun depuis 1947. Et après visionnement, on se demande si, sans lui, des gens comme Ray Charles, Aretha Franklin ou même Led Zeppelin auraient connu les mêmes carrières.

Rien pourtant ne prédestinait ce fils d'ambassadeur turc à changer la face du divertissement américain. Mais Ahmet Ertegun était homme de vision, doté d'une intelligence et d'un flair remarquables, capable de passer avec la même aisance d'un cocktail haut de gamme aux quartiers glauques de Harlem. Il avait, surtout, un sens inné de la musique pop, qui lui aura permis d'épouser les modes avec un succès renouvelable. Au milieu des années 60, il transformera ainsi Atlantic la «soul» en étiquette de rock, signant coup sur coup les groupes Cream, Led Zep et Crosby, Stills & Nash. Plus étonnant encore, il restera à la page jusqu'à son dernier souffle, preuve que toute cette histoire n'était pas qu'un accident.

Bref, un destin hors du commun, raconté avec brio (montage, texture, films d'archives) avec l'active participation de Phil Collins, Mick Jagger, Jimmy Page, Wynton Marsalis, Ray Charles et Bette Midler à la narration. Incontournable, si vous êtes branchés sur l'histoire du rock.