Penelope, qui a pris l'affiche en version originale et en version française, emprunte les allures d'un conte moderne. Voilà le genre de film truffé de bonnes intentions, dont les belles idées ne parviennent pourtant pas à se matérialiser à l'écran.

Campé dans une ville d'esprit ancien et britannique, le récit s'attarde à décrire les difficultés de la Penelope du titre (Christina Ricci), une jeune fille de bonne famille sur laquelle un mauvais sort a été jeté. La pauvre est née avec un nez grotesque. Cachée par des parents ultra protecteurs (Catherine O'Hara, Richard E. Grant), Penelope croit que si un prétendant de sa classe tombe véritablement amoureux d'elle, le mauvais sort sera neutralisé. Or, et c'est là la première erreur, la protubérance nasale de l'héroïne est vilaine, c'est entendu, mais pas au point de susciter les réactions outrancières qu'on prête à tous les hommes qui entrent en contact avec elle.

Évidemment, nous sommes ici dans le domaine de l'évocation. N'empêche qu'il y a quand même un problème quand le décalage est aussi grand entre ce que perçoit le spectateur, et ce que sont censés percevoir les protagonistes de l'histoire.

Ainsi, l'obsession dont fera preuve un photographe (Peter Dinklage) pour capter le premier cliché de cette bête de foire paraît bien vaine. Et la petite romance avec un jeune homme modeste (James McAvoy), envoyé justement par un journal pour tenter d'amadouer la recluse, devient aussi prévisible que convenue.

Cela dit, le réalisateur Mark Palansky, qui signe ici son premier long métrage, aurait pu sauver les meubles s'il avait su trouver un ton original, un sens du rythme ou de la formule. Rien de tout cela ici. Même Catherine O'Hara, habituellement encline à colorer une réplique à sa manière, n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent tellement les dialogues sont fades.

On comprendra que le récit sert ici de métaphore à l'adolescence, une étape de la vie où l'acceptation de soi est une entreprise ardue. La scénariste Leslie Caveny déclarait, au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles, avoir voulu régler ses propres comptes avec son enfance par le truchement d'un conte souriant.

Si les acteurs s'acquittent assez bien de leur tâche, reconnaissons que le matériau avec lequel ils devaient travailler n'était pas très malléable. Quand la direction artistique du film est plus intéressante que son propos, cela n'est pas très bon signe...

**1/2
PENELOPE

Comédie sentimentale réalisée par Mark Palansky.
Avec Christina Ricci, James McAvoy, Christine O'Hara, Richard E. Grant.
1h30.