Une jeune fille affublée d’un nez de cochon cherche à conjurer le mauvais sort dont elle est victime. Résumée grossièrement, l’histoire de Pénélope ne donne pas tellement le goût de faire un crochet pour aller voir de quoi il en retourne.

Remarquez, le synopsis d’Edward aux mains d’argent — un homme avec des mains faites en ciseaux qui devient coiffeur pour dames — était lui aussi pour le moins incongru. Sauf que n’est pas Tim Burton qui veut.

Pénélope, un conte moderne produit par Reese Witherspoon (qui s’y donne un petit rôle), a beau être pétri de bonnes intentions, on n’arrive pas à s’y abandonner un seul instant. Et ce n’est pas seulement à cause du groin de goret de la vedette principale, Christina Ricci, mais pour un ensemble de choses qui s’apparente à un manque d’originalité et de talent.

Le premier film de Mark Palan-sky est le récit d’une malédiction lancée par une sorcière à l’endroit d’une famille bourgeoise. La prochaine fille à naître aura un nez et des oreilles de cochon (mais pas la queue en tire-bouchon...), au grand désarroi de ses parents (Catherine O’Hara et Richard E. Grant). Oubliez l’opération esthétique, semble-t-il que l’artère carotide passe dans le coin du groin, alors le risque est trop grand. Quand ça va mal...

L’enfant est rapidement coupé du monde, histoire de la préserver de la presse à sensations, dont l’illustre représentant est un journaliste nain avec un œil de pirate (Peter Dinklage). Puisque le mariage est la seule issue pour conjurer le mauvais sort, la famille fait défiler de riches prétendants qui s’enfuiront tous en courant (en se défenestrant même!) à la vue de Pénélope et de son appendice nasal.

Morale à cinq sous

Sauf un, bien entendu, puisque nous sommes au royaume du conte. Joueur de poker invétéré (James McAvoy), le ténébreux Max saura voir la beauté intérieure de Pénélope. Mais avant que les deux tourtereaux de classes sociales différentes soient réunis, le spectateur aura à se taper une enfilade de situations inintéressantes et fort ennuyantes.

On pense à La belle et la bête, à La princesse et le crapaud, aux histoires de prince charmant, mais Pénélope ne réussit jamais à se donner une originalité propre. Dans le genre, Il était une fois (Enchanted) était 100 fois mieux réussi. Reste, à l’arrivée, une morale à cinq sous qui se résume ainsi : le pouvoir d’une malédiction est celui qu’on veut bien lui donner. Facile. Un peu comme tout le reste.

La pauvre Christina Ricci fait de son mieux dans les circonstances, dans un rôle à la fois ingrat et audacieux, mais elle ne peut rien pour éviter le naufrage. Même chose pour James McAvoy qui avait signé son contrat pour ce film avant que le succès du Dernier roi d’Écosse et d’Expiation lui tombe dessus. Voilà un film qu’il espère maintenant voir rayé de son curriculum.