Un bon superhéros vous le dira : l’électrocution par la foudre suffit à doter le premier venu de pouvoirs exceptionnels.

Quand le linguiste septuagénaire roumain Dominic Matei (l’excellent Tim Roth) est frappé par l’éclair, il rajeunit de 30 ans, mémorise des livres d’un simple toucher et développe une seconde personnalité. Fuyant les nazis et les Américains qui souhaitent le transformer en rat de laboratoire, il croise par hasard le sosie d’une ancienne flamme. Foudroyée elle aussi, elle se révélera la réincarnation d’une Indienne du XIVe siècle qui régresse dans le temps, parlant des langues de plus en plus anciennes jusqu’à s’approcher du premier langage préhistorique de l’homme. C’est l’occasion idéale pour Matei de pousser ses recherches linguistiques, mais au terrible prix de voir sa douce vieillir prématurément.

Ce film pose une grave question, «celle qui nous tracasse tous», comme le confie le héros : doit-on sacrifier l’amour pour accomplir l’œuvre d’une vie? Coppola a attendu 10 ans avant de se rasseoir dans le siège de réalisateur. Peut-être le père du Parrain et d’Apocalyse Now a-t-il voulu racheter cette décennie perdue en s’offrant un curieux drame métaphysique sur le temps, l’âge et la perception du rêve et de la réalité? Les images, presque exclusivement faites de plans fixes, sont d’une grande beauté. On sent le travail d’un maître, mais le scénario complexe et hermétique laisse bien des questions. Néanmoins, même un Coppola ordinaire reste un film à voir.

EXTRAS **** Sur la piste des commentaires audio, le verbomoteur Coppola offre des perles d’information sur ce film inspiré d’un roman, sans toutefois en résoudre les énigmes. Il y a aussi trois intéressants making of du tournage, de la trame sonore et du maquillage, ainsi que des bandes-annonces.

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L’homme sans âge (v.f. de Youth without Youth)
Drame de Francis Ford Coppola
Avec Tim Roth et Alexandra Maria Lara