On a beaucoup parlé de l’assassinat de John Lennon et de son tueur, Mark David Chapman. Mais comme cela remonte à 1980, parions que les moins de 30 ans n’en savent presque rien. Mieux qu’une œuvre de mémoire, le film d’Andrew Piddington est une incursion vertigineuse dans l’esprit de ce type d’individu qui cherche la gloire en inscrivant son nom en lettres de sang sur le front d’une victime riche et célèbre.

Peu de temps après la mort de Lennon, le président Reagan échappait de peu à un individu de ce genre. «Le petit nobody que je suis a buté le plus grand somebody du monde!» s’est vanté David Chapman, après le meurtre de «Goliath» Lennon. Par ses images instables et hallucinées, par sa musique hantée et échevelée, ce film impressionniste nous fait sentir intimement l’errance de ce vieil adolescent qui se préparait au meurtre comme s’il allait au suicide. Une impressionnante reconstitution des faits, qui dit aussi des choses importantes sur l’abandon parental, que Chapman partageait avec Lennon, la voix qui crie et pleure dans la musique des Beatles, comme l’écrivit Chapman avec une étonnante intuition.

D’ailleurs, tous les monologues de Chapman sont tirés littéralement de ses mémoires, ce qui fait du film un fidèle autoportrait, joué de façon fascinante par Jonas Bell.

EXTRAS ** Pas de documentaire sur l’assassinat, rendu inutile par la précision de la reconstitution. Beaucoup de petites scènes coupées, intéressantes à cause de la voix intérieure de Chapman.

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The Killing of John Lennon
Drame d’Andrew Piddington, avec Jonas Bell