Pas facile de parler de la mort. Encore moins d'en faire une comédie dramatique à partir de rituels funéraires propres à la culture japonaise. Le cinéaste Yojiro Takita (When The Last Sword Is Drawn a été présenté au FFM il y a cinq ans) gagne presque son pari avec Okuribito (Departures), seul film de la compétition présenté hier.

Se méprenant sur la nature d'un emploi annoncé dans la section des petites annonces d'un journal, un violoncelliste au chômage (Masahiro Motoki, très bien) se présente dans une entreprise spécialisée en «voyages». Or, la maison n'a strictement rien d'une agence. Il s'agit plutôt d'une société funéraire à laquelle on fait appel pour préparer les défunts à leur «grand voyage». Comme le jeune homme a été embauché par le directeur sur une base purement instinctive, la première partie du film est consacrée à l'apprentissage d'une profession pour le moins particulière, avec les ratés qui, forcément, donnent lieu à des situations inattendues.

Takita parvient alors à maîtriser parfaitement le dosage entre les éléments cocasses et l'aspect très noble de l'histoire qu'il raconte. Tous les rituels - le lavage des corps, la préparation, l'habillement - sont en effet caractérisés par une infinie délicatesse du geste, et prodigués en présence des proches.

Aussi, le cinéaste, qui porte ici à l'écran le tout premier scénario de Kundo Koyama, s'attarde-t-il à l'histoire personnelle de celui qui est parachuté dans un milieu dont il ne connaît rien. Et qui, inévitablement, est confronté à une réflexion sur l'essence même de la vie.

Si les thèmes fascinent et émeuvent, il est toutefois dommage que Takita n'ait pas affiché la même rigueur dans la seconde partie du film. Le récit, en effet, n'évite pas les redites. Surtout, des effets dramatiques trop appuyés viennent un peu gâter la sauce. L'histoire étant déjà assez bouleversante en elle-même, un peu plus de sobriété dans le traitement aurait mieux convenu. Cela dit, le dénouement du récit est poignant. L'ensemble laisse d'ailleurs une impression de très grande beauté. De sérénité aussi.

Okuribito aurait gagné à être resserré un peu, mais il vaut certainement le détour.

Il est aussi à noter que cette comédie dramatique nippone est précédée d'un court métrage américain très marrant, The Line. En neuf minutes, le réalisateur Richard Sabatté révèle au grand jour ce qui, aux yeux des hommes, apparaît comme l'un des plus grands mystères de la vie. En revanche, les spectatrices y verront là le reflet d'une réalité qu'elles ne connaissent que trop bien dès qu'elles se rendent dans un endroit public...