Diane English a eu une bonne idée dans son processus d’adaptation du film de George Cukor (1939), lui-même basé sur la pièce de Clare Booth Luce (1936): dans son scénario, The Women serait avant tout l’histoire de deux amies qui «cassent» plutôt que celle d’un couple qui éclate après que monsieur ait trompé madame.

 Ainsi, la créatrice de la série Murphy Brown, qui fait là ses débuts (pas concluants, dommage) à la réalisation d’un long métrage, désirait que les spectateurs d’aujourd’hui se demandent si les deux copines se réconcilieraient alors que le public d’autrefois espérait que le couple en péril retrouverait la voie du «Ils furent heureux jusqu’à la fin des temps».

Bonne idée mais si maladroitement exploitée que ce qu’on se demande, c’est jusqu’à quand va durer ce supplice qui culmine par l’une des pires scènes d’accouchement vues au cinéma. De l’hystérie au cube, du ridicule qui ne tue (malheureusement) pas. On se croirait dans une sitcom gonflée pour le grand écran ou dans une mauvaise pièce de théâtre d’été — et ce, pas seulement dans les dernières scènes.

Défendu, comme l’original, par une distribution entièrement féminine (les hommes n’apparaissent jamais à l’écran), The Women présente l’histoire de Mary (Meg Ryan, tellement liftée-botoxée qu’elle a de la difficulté à refermer la bouche), qui découvre que son mari la trompe avec une vendeuse de chez Sachs (Eva Mendes). Une bombe pour elle et pour ses copines, dont Sylvie (Annette Bening), rédactrice en chef de la revue Cachet, célibataire et sans enfants; Edie (Debra Messing), qui enfante à répétition; et Alex (Jada Pinkett Smith), écrivain et lesbienne.

Les réactions devraient être différentes selon les personnalités. C’est vrai pour Sylvie... qui va en venir à trahir Mary pour faire avancer sa carrière. Quant à Edie et Alex, on les voit si peu et si mal qu’elles ne sont que clichés. Comme ces autres «gros noms» que compte la distribution: Candice Bergen, Bette Midler et Carrie Fisher ne font que d’inutiles apparitions, dans des scènes aussi vides que caricaturales et plaquées.

En fait, le tout manque singulièrement de naturel (et ce n’est pas une allusion à la seule apparence de Meg Ryan). À part peut-être ce moment où Mary, sous le choc, sombre une orgie de... beurre trempé dans du chocolat en poudre et du sucre. Sympa. Le reste du temps, on sent les intentions plus ou moins abouties, et l’application maladroite d’une réalisatrice inexpérimentée. Ce qu’on ne sent pas, c’est la complicité entre les personnages (on est loin de Sex and the City!) et les comédiennes. Dans une histoire ayant pour cœur l’amitié féminine, le problème est de taille.

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The Women

Comédie dramatique de Diane English
Avec Meg Ryan, Annette Bening, Eva Mendes.