Personne ne peut douter des nobles intentions de Paul Gross dans son désir de rendre hommage aux vétérans canadiens de la Première Guerre mondiale avec La bataille de Passchendaele (v.f. de Passchendaele). Sauf que son film patauge maladroitement dans les tranchées, mais aussi dans une insupportable romance Harlequin.

Production la plus coûteuse de l'histoire du cinéma canadien (21 millions $), La bataille de Passchendaele est la fusion entre un Saving Private Ryan de série B, un Patient anglais sous sédatif et une interminable Minute du patrimoine. Ce désir de jouer à la fois la carte de l'amour et de la guerre a de toute évidence entraîné l'homme-orchestre Gross sur une pente glissante, lui qui est tout à la fois producteur, scénariste, réalisateur et acteur principal de
son film.

Gross, dont le grand-père a combattu pendant la Première Guerre mondiale, campe le rôle du sergent Michael Dunne, revenu au Canada après un séjour éprouvant sur les champs de bataille européens. Posté à Calgary, le militaire s'amourachera d'une jeune et candide infirmière (la Québécoise Caroline Dhavernas) dont le jeune frère idéaliste (Joel Dinicol) vient de s'enrôler pour servir son pays.

Peu crédible

N'écoutant que son courage et la voix de son coeur, le sergent Dunne retournera au front afin de protéger le naïf (et asthmatique) soldat, impliqué dans la célèbre bataille de Passchendaele, en Belgique, où 5000 soldats canadiens ont perdu la vie face aux Allemands, à l'automne 1917.

La mise en scène de Gross est empesée et bien peu crédible dans sa façon de faire se rencontrer la grande et la petite histoire. Bien difficile de ne pas lever les yeux au ciel devant le ridicule de quelques moments clés, que ce soit la cure de désintoxication de la jeune infirmière accro à la morphine (une fin de semaine au lit et le tour est joué...), la rencontre charnelle des deux amoureux alors que les bombes pleuvent autour d'eux, ou la finale religico-métaphorique, avec un Gross portant sa croix, croisement douteux entre Jésus et Superman. Tout cela, au son d'une ballade où les violons travaillent fort pour arracher les larmes (musique composée par... Gross).

Dans ces conditions, les comédiens ont bien peu à défendre. Ils sont contraints à devenir les faire-valoir d'un récit de carton-pâte, bien intentionné, mais pas du tout convaincant dans sa façon de parler de guerre et d'amour.

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La bataille de Passchendaele
(Passchendaele)
Drame de guerre de Paul Gross
Avec Paul Gross, Caroline Dhavernas, Joe Dinicol, Jim Mezon, Meredith Bailey, Gil Bellows et Michael Greyeyes

On aime : la reconstitution des champs de bataille

On n'aime pas : l'histoire d'amour à l'eau de rose, la naïveté du scénario, les personnages monolithiques, la finale ratée