Elle est vraiment la sorcière bien-aimée du box-office, celle qui hante les images de The Blair Witch Project! Et pourtant qu'en voit-on? Très peu de choses sinon rien.

Exactement ce que Stephen King, qui en sait quelque chose, considère être le pire du pire: le monstre que l'on imagine derrière la porte close du haut de l'escalier sera toujours plus terrible que celui que l'on découvrira quand la porte s'ouvrira. À condition de croire que monstre il y a.

C'est pour cela, en fait, que The Blair Witch Project marche si bien avec les uns et si peu avec les autres: film de terreur plus que film d'horreur, il glace les sangs de ceux qui croient encore au monstre tapi sous le lit et laisse de marbre ceux qui ont enterré la sorcière du placard et passé un savon aux clowns afin de vérifier qu'aucune créature grimaçante ne se cachait derrière les maquillages souriants.

Que les coeurs sensibles qui tournent de l'oeil à la vue du sang se rassurent donc: pas de gore là-dedans. Quant aux déplacements hystériques de la caméra, le petit écran en atténue beaucoup sinon complètement l'effet nauséeux. Les noirs sont par contre toujours noirs. Les flous, toujours aussi flous. Et le mystère... ah, le mystère! Il est un peu moins grand, bien sûr. Le bouche à oreille ayant fait son oeuvre.

Rappelons seulement, à l'attention de ceux qui ont passé l'été à célébrer sur la Lune le 30e anniversaire du «petit pas pour l'Homme», que The Blair Witch Project a été tourné en huit jours par trois acteurs inconnus initiés au maniement de la caméra Super 8 et 16 mm avant d'être expédiés dans le bois. Ils n'avaient en main que des descriptions de situations, des indices laissés ici et là, une nourriture de plus en plus rare et des nuits de plus en plus perturbées (par le reste de l'équipe de production). Afin que leur réalité colle de plus en mieux à la fiction.

Le résultat est convaincant. Sur le plan mathématique - tourné pour 100 000 $, la production a rapporté près de 140 millions - et sur le plan «authenticité»: les premiers spectateurs de The Blair Witch Project ont vraiment cru que, comme indiqué au début de film, la pellicule était le testament de trois jeunes cinéastes disparus dans une forêt de Maryland en 1994, après être partis à la recherche d'une sorcière mal aimée. Débile, ce public des débuts? Non, chanceux.

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THE BLAIR WITCH PROJECT(V.F.: LE PROJET BLAIR). Drame d'horreur de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. Avec Heather Donahue, Michael Williams et Joshua Leonard. Sortie: 26 oct. (VHS et DVD angl.)