Inspiré du film israélien Ha-Hov, The Debt de John Madden est plus qu’un thriller. C’est aussi un drame psychologique qui traite du poids de la culpabilité et des conséquences de nos actions. C’est également une critique sur la manière dont le système fabrique des héros, une réflexion sur le poids de la réputation.

Et c’est, oui, un excellent thriller, que le réalisateur de Shakespeare in Love mène de main de maître en fond et en forme: le récit «à tiroirs» fonctionne à merveille même si la révélation la plus percutante arrive trop tôt (ce qui suit semble alors plus terme); le rythme est nerveux, soutenu, et le volet «suspense» du récit bénéficie en plus de l’excellente trame sonore de Thomas Newman. Enfin, l’ensemble est porté par une distribution de haut vol.

Nous sommes en 1997. Helen Mirren, Ciaran Hinds et Tom Wilkinson incarnent Rachel, David et Stephan, trois agents du Mossad devenus des héros 30 ans plus tôt. À l’occasion du lancement d’un livre relatant leur mission historique, ils regardent vers le passé. Confrontent les faits officiels et leurs souvenirs. 

Retour à 1965. Jessica Chastain, Sam Worthington et Marton Csokas prennent ici le relais de leurs aînés. Alors en début de carrière, ils traquaient le «boucher de Birkenau» (Jesper Christensen), un médecin qui s’était livré à des expériences horribles sur les prisonniers des camps, afin de l’amener devant la justice. Pour cela, Rachel et David s’étaient fait passer pour un jeune couple tentant sans succès d’avoir un enfant et étaient allés voir le «bon» docteur Vogel – soupçonné, avec raison, d’être leur cible.

Bon départ. Mais tout n’était pas allé comme prévu. Il y avait eu dérapages. Dans la mission. Et d’ordre personnel. Deux hommes, une femme. Un triangle.

Dans la peau de David le tourmenté, Sam Worthington livre sa meilleure performance dramatique depuis qu’il est arrivé sur «le marché américain». Dans la peau de la jeune Rachel, Jessica Chastain est aussi vibrante et formidable qu’elle l’est dans The Tree of Life de Terrence Malick. Et dans la peau de Rachel plus âgée, Helen Mirren, qui ne sait pas être mauvaise, est magistrale de retenue, de déchirements contenus et de tourments intérieurs.

Bref, par son traitement très réaliste, par son atmosphère oppressante et ses images grises des années 60 à Berlin, par son absence d’exagération dans les faits comme dans les gestes et par son honnêteté, The Debt semble plus vrai que bien des «histoires vraies» portées à l’écran.

The Debt (V.F.: L’affaire Rachel Singer), Thriller de John Madden. Avec Jessica Chastain, Helen Mirren, Sam Worthington. Durée: 1h56.