Documentaire de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb. 1h15.

Le cinéaste iranien Jafar Panahi est assigné à résidence, à Téhéran, en attente de l'appel de sa condamnation à six ans de prison pour avoir participé à des rassemblements d'opposition au régime de Mahmoud Ahmadinejad. Il est également sous le coup d'une interdiction de réaliser et de scénariser des films pour les 20 prochaines années.

Réalisé clandestinement avec le documentariste Mojtaba Mirtahmasb, son plus récent long métrage, Ceci n'est pas un film témoigne de la vie quotidienne du cinéaste du Ballon blanc et de Hors jeu dans son appartement de Téhéran. Un appartement comme une cage dorée, dans un pays prison que le cinéaste a choisi, sciemment, de ne pas quitter.

Dans ce documentaire au titre subversif où Panahi tient davantage le rôle d'«acteur» que celui de réalisateur ou de scénariste, on découvre le cinéaste, la veille du Nouvel an iranien, rongeant son frein, filmant tout ce qu'il peut filmer - y compris son coréalisateur -, comme il respire.

Un fauve en captivité reconstituant, grâce aux meubles de son salon, les scènes d'un film qu'on lui interdit de réaliser. Interrogeant dans l'ascenseur un étudiant intrigant qui pourrait aussi bien être un indicateur des autorités iraniennes. Ou discutant au téléphone avec son avocate, ses amis, sa femme ou son coréalisateur.

Malgré la gravité de son sujet, Ceci n'est pas un film, aux limites formelles évidentes (cela se comprend), n'est pas dénué d'humour ni d'espoir. C'est une démonstration par l'absurde des limites de la liberté d'expression dans un régime répressif. C'est aussi un document qui dénonce avec finesse l'injustice, et s'apprécie comme un complément essentiel à l'oeuvre de Jafar Panahi.

La présentation de Ceci n'est pas un film sera d'ailleurs accompagnée, jusqu'au 15 septembre au Cinéma du Parc, d'une rétrospective des longs métrages de ce héraut de la nouvelle vague iranienne, lauréat de plus d'une vingtaine de prix dans autant de festivals internationaux.