Sans doute las et désenchanté, repu de gloire aussi, Rowan Atkinson a donné son congé bien mérité au facétieux Mr.Bean qui vraisemblablement n’avait plus grand tour dans son sac, pour reprendre le complet infroissable de son nouvel alter-ego, l’agent pas tellement secret Johnny English, au service de Buckingham.

Johnny English est à James Bond ce que Frank Drebin (feu Leslie Nielsen, de la série télé Police Squad et des Naked Gun) est à Mike Hammer: une caricature poussée aux extrêmes limites si bien qu’il n’en reste plus que quelques traits rudimentaires. Nous n’avons plus affaire à un pastiche comique et référentiel, comme les faisait si bien Mel Brooks (Young Frankenstein) mais à de la «parodie» qui ne renvoie plus qu’au reflet de l’objet de sa moquerie.

L’histoire, en 45 mots:  Johnny, après un séjour plus ou moins forcé chez les moines bouddhistes, reprend du boulot. Sa mission: retrouver les trois clés qui permettraient à des crapules corrompues d’avoir accès à un étrange poison, tout cela en vue d’éliminer, par assassin interposé, le premier ministre chinois.

Johnny English Reborn enfile les sketches en grappes de gags, le plus souvent visuels, parfois manqués, parce qu’éculés, parfois réussis pour la même raison (cette bonne vieille blague de la voix rendue affreusement aiguë par l’hélium ne rate jamais.) Tout l’inventaire des plaisanteries légères et sans conséquence propres aux comédies pour tout-le-monde, y compris celles frôlant la culotte, y est épluché, rien ne nous est proposé qui ne soit pas attendu ou déjà vu.

Atkinson y va de ses singeries et «fait des faces drôles», quelques répliques amusantes nous rappellent qu’il y a un «texte» à la base de ce film, des personnages secondaires se tirent la couette pour prendre un peu la vedette, l’intrigue est accessoire, les gags se succèdent sans temps mort en un idéal «feu roulant» etc. Tout cela est au mieux agréable et correct, au pire insignifiant et daté. Johnny English Reborn pourrait avoir été conçu, écrit, réalisé, produit et lancé en 1994 qu’on n’y verrait que du feu.

PS de consolation: Pour une fois, la bande-annonce ne dévoile pas du tout le meilleur! 

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Johnny English Reborn**

Comédie de Oliver Parker
Avec Rowan Atkinson, Rosamund Pike, Dominic West
1h41