Le huitième long-métrage de fiction des réalisateurs belges s’inscrit dans la continuité de leur oeuvre, d’abord sur le plan du thème exploré. À l’instar de La Promesse (1996), Le Fils (2002) ou L’Enfant (2005, Palme d’Or), Jean-Pierre et Luc Dardenne abordent les relations filiales, cette fois dans le contexte de l’adoption et des centres pour jeunes.

À nouveau, le cinéma des Belges pose un regard engagé et empreint de compassion, cette fois sous la forme d’un conte moderne, rythmé par de rares (dans ce film comme dans le reste de l’oeuvre des Dardenne) ponctions musicales qui marquent une transition comme la Fée Clochette signalait de tourner les pages des livres-disques de Disney.

Le film repose sur le travail de deux acteurs, Cécile de France et surtout le jeune Thomas Doret, qui incarne Cyril, douze ans et abandonné dans un centre d’accueil par son père dont on comprendra plus tard la fragilité financière et le désintérêt pour son fils qui l’ont mené jusqu’à l’abandon de l’enfant.

Il y a donc d’abord ce regard sur la vie d’un gamin dans un centre d’accueil, un gamin qui contient toute sa frustration, toute sa violence, à l’endroit du système dans lequel il a été contraint d’adhérer. Il cherche son père, qui a déménagé sans laisser de trace, et son vélo. Lors d’une fugue vers l’ancien logement du père, pourchassé par les intervenants sociaux, il bouscule une femme et s’y accroche comme on s’accrocherait à un arbre au passage d’une tornade, ne voulant pas retourner au centre sans son père... ou le vélo qu’il lui avait offert.

La femme, Samantha (Cécile de France), coiffeuse habitant le même immeuble que le père déserteur, retrouve le vélo et le rapporte à Cyril. Ce dernier lui demande si elle ne viendrait pas le chercher pour passer les week-ends.

Se développera une relation affectueuse et tourmentée entre Samantha et Cyril, qui, chevauchant sans arrêt son vélo, file à toute vitesse entre le bonheur et le vice, alors qu’il sera tenté par la racaille de la cité incarnant le Mal dans ce conte social. Le jeune Doret est solide dans son rôle d’enfant troublé et fâché contre le monde, alors que Cécile de France est d’un grand naturel dans son rôle de mère providentielle. Un film chavirant, tourné avec un oeil intimiste et discret, qui se termine heureusement avec un miracle.

Le gamin au vélo a remporté le Grand Prix à Cannes, ex-aequo avec Il était une fois en Anatolie du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan.

LE GAMIN AU VÉLO
****
Drame de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Avec Thomas Doret, Cécile de France

1h27