Nul besoin, comme d’autres l’ont fait, d’emprunter le chemin de la polémique pour exprimer un point de vue ou dénoncer une situation qui nous agace.

Fils de l’Abitibi-Témiscamingue, le jeune réalisateur Simon Plouffe l’a très bien compris en signant cette toute première oeuvre, L’or des autres, consacrée à l’arrivée de la minière Osisko dans le paysage de Malartic.

Tourné sur une période de trois ans, son documentaire donne la parole à ceux qui se disent victimes de l’installation très voyante de cette mine d’or à ciel ouvert.

Malgré un parti pris assumé, Simon Plouffe a su s’effacer devant son sujet pour mieux laisser entendre le cri du coeur des résidants concernés. Ceux-ci balancent quelques réflexions qui, derrière le drame, sont dotées d’une grande force poétique. «J’ai vu ma maison passer en lambeaux», dit l’un d’eux.

Ici, et c’est plus rare au cinéma, la force des mots égale -quant elle ne dépasse pas- celle des images.

Sans donner la parole à la partie adverse (non sans avoir essayé, dit-il), M. Plouffe ne lapide pas ce nouvel employeur pour autant. Mais il a su, dès la première séquence, illustrer d’une façon très forte le pouvoir de la minière lorsque deux employés sans âme viennent avertir une dame marchant dans la forêt qu’elle est désormais sur une propriété privée. La quintessence du capitalisme sauvage, aveuglant et borné.

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L’or des autres
Documentaire réalisé par Simon Plouffe.
60 minutes.