Il y a du John Woo et du John Carpenter dans The Raid : Redemption. Un film à la fois brutal et beau – à l’image de sa vedette, le Pencak Silat, un art martial qui se pratique en Indonésie et pour lequel Gareth Evans, qui a écrit, réalisé et édité le film, a eu le coup de foudre.

Il le partage, avec quelles fougue et talent !, à travers les chorégraphies stupéfiantes de violence (on s’y attend) et de grâce (on s’y attend beaucoup moins) qu’il a participé à créer avec deux de ses stars (le champion indonésien de judo Joe Taslim et Yayan Ruhian) et a filmé avec maestria, sous tous leurs angles et une originalité parfois (littéralement) renversante.

À la manière de Steven Soderbergh pour Haywire, le réalisateur gallois ne s’embarrasse pas ici d’une intrigue complexe. Juste ce qu’il faut pour servir la démonstration. Mais il a quand même pris le temps de « dessiner » les personnages principaux et d’imaginer pour eux quelques revirements inattendus.

Nous sommes dans un quartier mal famé de Jakarta (le film est d’ailleurs présenté en indonésien avec sous-titres anglais ou français). Une escouade de policiers d’élite menée par un vétéran (Joe Taslim), mais dans laquelle se trouvent quelques recrues (dont celle qu’incarne Iko Uwais) est envoyée dans un immeuble où réside un tout-puissant baron de la drogue appelé Tama (Ray Sahetapy, effrayant dès les premières secondes suivant son apparition).

Leur mission: le tuer. Pour cela, arriver jusqu’à lui. Se faufiler d’étage en étage, dans un labyrinthe oppressant de corridors. Alors que les ennemis se multiplient. Car Tama bloque bientôt toutes les issues du building, coupe l’électricité et invite les locataires à chasser du flic. Autant de tueurs s’ajoutent ainsi aux hommes du trafiquant mené par un tueur sadique et vicieux qu’incarne Yayan Ruhian. Il est glaçant. Et participe à deux des plus spectaculaires combats de ce film où les hommes semblent être plus rapides que leur ombre. Qu’ils pratiquent le Silat ou un autre art martial, qu’ils lancent le couteau ou brandissent la machette, qu’ils utilisent des armes à feu ou tordent des cous.

Oui, The Raid : Redemption est d’une violence extrême, ahurissante et, de façon troublante, magnifique. Parce qu’il en va ainsi du Silat. Parce que la cinématographie est superbe et le travail de caméra, acrobatique. Parce que la trame sonore électro-rock de Joe Trapanese et Mike Shinoda est parfaite. Parce que l’ensemble est peut-être brutal, mais entièrement assumé de la part de ses artisans. Résultat : le spectateur passera cette heure et demie sur le bout de son siège, les yeux écarquillés tout en ayant la tentation de les fermer.

The Raid : Redemption
Film d’arts martiaux de Gareth Evans. Avec Iko Uwais, Joe Taslim, Yayan Ruhian, Ray Sahetapy. 1h44