Quatre bébés filmés simultanément dans quatre pays différents. De leur naissance jusqu'à leurs premiers pas. L'idée à l'origine du documentaire Bébés fait sourire, mais soulève surtout des questions pertinentes sur la façon d'élever les enfants, selon leur lieu de naissance.

Le réalisateur Thomas Balmès, appuyé par son coproducteur Alain Chabat, a parcouru la planète afin de rapporter des images de la première année de vie de quatre marmots nés aux États-Unis, au Japon, en Mongolie et en Namibie.

Sans commentaire ni voix hors champ, entrecoupée seulement par les chansons espiègles de Bruno Coulais, la découverte du monde des petits Hattie, Mari, Bayarjargal et Ponija se déroule sous nos yeux, dans la forme la plus pure du cinéma direct.

Anthropologie sociale

Au-delà des images inévitablement mignonnes découlant de l'exercice, Bébés s'avère un intéressant document d'anthropologie sociale. Ces images saisies sur le vif démontrent le fossé, voire le gouffre, entre les façons d'élever un enfant, selon les coutumes et le niveau de vie de chaque pays.

Les contrastes sautent aux yeux. Alors que Hattie et Mari sont élevés dans la ouate, par des parents omniprésents qui les traînent à des cours d'éveil et de stimulation sensorielle, les petits Bayar-jargal et Ponijao apprennent par eux-mêmes, au rythme de la découverte de leur environnement, tels de libres enfants de Summerhill.

Ponjia, toujours nu-fesses, se traîne à quatre pattes, à travers les chiens et les chèvres, mange de la terre, boit l'eau d'un ruisseau. Dans sa yourte, Bayarjargal observe au réveil un coq se promenant sur son lit. Une fois à l'extérieur et devenu plus grand, il observe ses parents en train d'éviscérer un mouton. Rien à voir avec l'obsession maladive des parents occidentaux pour la propreté et l'hygiène. En cela, le film démontre bien qu'il n'y a pas qu'une seule façon d'élever un enfant et que celle des autres vaut bien la nôtre. Un attendrissant et instructif voyage au pays de l'innocence.