Aide à la production et acquisition de nouveaux films. Voilà les objectifs poursuivis par Radio-Canada qui investira 12 millions sur trois ans afin de promouvoir le cinéma québécois.

La SRC a annoncé en grande pompe hier – devant de nombreux réalisateurs, producteurs et acteurs – qu’elle poursuivait sa mission envers le 7e art en reconduisant pour la troisième fois son programme d’appui au cinéma d’ici, lancé en 1999. Ainsi, en 2010, la société d’État aura consacré au total 45 millions au soutien de l’industrie cinématographique.

Radio-Canada se targue ainsi de donner un sérieux coup de pouce aux jeunes réalisateurs. Le programme de soutien «a un préjugé favorable pour les nouveaux entrants dans le monde du cinéma», a tenu à souligner hier le vice-président des services français de Radio-Canada, Sylvain Lafrance.

«Dès le départ, on agit parfois en développement pour des premiers scénarios. Et je suis content de dire, quand on parle de premier scénario, que 50 % des films qui ont été soutenus jusqu’à maintenant étaient des premiers et des deuxièmes films de réalisateurs.»

Ainsi, Radio-Canada s’engage à investir 3 millions par année pour l’aide à la production et l’acquisition, soit entre 100 000 et 450 000 $ par film, selon le budget total du long métrage. Le projet doit toutefois avoir obtenu le feu vert de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et de Téléfilm Canada. Déjà, pour la saison 2007-2008, les téléspectateurs pourront voir au petit écran des films comme L’âge des ténèbres, Rivard, Les 3 p’tits cochons et Nitro.

Puis, un total de 4 millions sur trois ans sera consacré à la promotion de films via le site Internet, les galas et les émissions spéciales consacrées à l’envers du décor.

Depuis sa mise en place, le programme a soutenu une centaine de films comme La moitié gauche du frigo, Québec-Montréal, La grande séduction et Gaz bar blues.

Grille-horaire

Pour le moment, Radio-Canada n’a pas encore déterminé quelle place prendront les films québécois dans la grille-horaire.

L’automne dernier, la SRC en diffusait tous les samedis soir. L’auditoire a grandement varié d’une fin de semaine à l’autre. Par exemple, La grande séduction a attiré 517 000 spectateurs alors que Père et fils n’en a rejoint que 86 000.

«On arrive 24 mois et même plus après que le film ait été présenté en salle», souligne Francine Allaire, directrice des services dramatiques et longs métrages de Radio-Canada, qui se dit tout de même satisfaite des chiffres obtenus.

Pourtant, Radio-Canada ne semble pas prête à revenir avec la même formule l’automne prochain. «Mon souhait, serait de les regrouper et de les présenter dans une forme qui les met plus en valeur», explique M. Lafrance.

Il jongle avec l’idée de faire appel à des chroniqueurs qui pourraient expliquer le contexte de réalisation des films, par exemple. On songe également à les diffuser par thème, en présentant notamment des longs métrages destinés à toute la famille pendant la période des Fêtes.

Projet Éléphant

Par ailleurs, en faisant son annonce hier, Sylvain Lafrance s’est bien défendu d’agir en réaction au projet Éléphant lancé par Quebecor, qui vise à rendre accessibles quelque 800 films québécois sur la télé numérique Illico.

«Ce n’est pas dans le même univers du tout, soutient-il. Eux, ils se lancent en numérisation. Ce n’est pas en réaction (avec ce que Quebecor veut faire) parce que le programme est là depuis 1999.»

L’investissement de Radio-Canada a été applaudi par l’ensemble des artisans de l’industrie cinématographique. «C’est une très bonne nouvelle», estime la productrice Denise Robert. Selon elle, Radio-Canada, en tant que diffuseur public, se doit d’investir dans le cinéma d’ici.