Les points, les coups sûrs, ça compte. Mais ce n'est pas tout. Dans Un été sans point ni coup sûr (avec Patrice Robitaille, Jacinthe Lagüe et Roy Dupuis), Francis Leclerc nous parlera de baseball, mais aussi de pères, de fils, de ces relations belles et tordues qui unissent ou séparent les hommes de la famille.

Montréal, 1969. D'un côté, Martin (Pier Luck Funk), 12 ans. Un enfant de son époque, qui n'aime rien tant que de s'amuser avec ses copains et tâter du bâton de baseball. Après tout, les Expos jouent depuis peu dans les ligues majeures. De l'autre, son paternel (Patrice Robitaille). Un homme que les révolutions de l'époque ne tranquillisent guère, et que les lancers laissent indifférent.

L'été de ses 12 ans, en pleine fièvre des Expos, Martin voit ses rêves s'effondrer. Il se rêvait en haut de l'affiche, mais ne passe pas les sélections pour entrer dans l'équipe A, où officie un coach sévère (Roy Dupuis). «Si j'avais une photo à mettre en avant pour dire ce qu'est mon film, ce serait Martin/Pier Luck assis sur son vélo qui regarde le jeu, de nuit, derrière la grille et qui ne peut pas jouer parce qu'il n'est pas assez bon», raconte Francis Leclerc.

C'est au coeur de l'été 2007 que le réalisateur de Mémoires affectives tourne son troisième long métrage. Il y a des scènes de baseball, évidemment, mais quand nous visitons le plateau, nous sommes installés dans la quiétude d'un bungalow à Longueuil. Sur la terrasse est installée une télé (modèle sixties). Ce soir, le premier homme marchera sur la lune.

«Pour moi, le vrai sujet, c'est vraiment le lien entre un enfant et son père. Je n'ai pas le côté social de 1969, et cette période ne m'intéresse pas plus qu'une autre. Elle me donne une couleur précise, et moi je crée ce que j'ai le goût de voir. C'est ça, un film: tu crées un univers», estime Francis Leclerc.

Francis Leclerc n'aime pas les étiquettes, et cela tombe bien, donc, les énigmes irrésolues de Mémoires affectives laissent place à un scénario linéaire, tiré du roman de Marc Robitaille. Autant le dire, du pain béni pour les institutions de financement du cinéma (SODEC et Téléfilm): un film rappelant leur enfance aux baby-boomers, avec un début, et une fin.

L'univers familial, enfantin et estival d'Un été sans point ni coup sûr est aux antipodes de celui de Mémoires affectives. «Mémoires affectives était un projet très instinctif, je sens beaucoup plus un travail d'équipe pour celui-là. Je ne suis pas émotionnellement impliqué, puisque je n'ai pas écrit le scénario. Moi, cela me fait du bien de prendre une pause, de m'éloigner de mes bibittes», dit-il.

Francis Leclerc s'éloigne de ses démons, mais comprend, pourtant, la déception d'un jeune garçon qui voit ses rêves s'envoler. «J'ai vécu ça avec le hockey. J'ai vraiment braillé, ça a été les pires journées de ma vie quand j'ai su que je ne pourrais pas jouer au hockey», se souvient-il.

Patrice Robitaille interprète le père de Martin. Contrairement à son personnage, l'acteur comprend l'amour pour le sport. «C'est un petit peu ces univers dans lesquels je gravitais étant jeune. J'ai mangé du baseball, j'ai adoré ça. J'ai passé aussi beaucoup de temps avec mon père dans l'aréna. Ce sont des moments hyper privilégiés dans les rapports père-fils», dit-il.

Le vrai héros d'Un été sans poing ni coup sûr, c'est Martin, joué par Pier Luck Funk. Sur le plateau, le jeune garçon ne cache pas son enthousiasme de jouer entre des comédiens accomplis et des enfants de son (jeune) âge. «Jouer Martin, c'est un plaisir. C'est un cadeau qu'on m'a fait en me donnant le rôle», dit-il.

Tourné avec un budget de 4 millions, Un été sans points ni coup sûr prendra l'affiche au Québec l'été prochain. Voilà qui devrait réjouir de nombreux spectateurs: «Ceux qui aiment le sport vont dire que c'est un film de sport. Ceux qui aiment les drames familiaux vont le voir comme une comédie dramatique. Ceux qui ont 12 ans vont le voir comme un film pour les enfants», avance Francis Leclerc.