Près d'un mois après sa sortie en salle, le dernier film de Richard Desjardins et Robert Monderie, Le Peuple invisible, avait été vu par plus de 12 000 personnes à la fin de la semaine dernière, un bon score pour un documentaire, mais tardait à susciter des réactions politiques.

Robert Monderie dit toujours attendre ces réactions.

Le film raconte les misères des Algonquins du Québec, leur passé tumultueux et leur avenir incertain.

Richard Desjardins constate lui aussi que le documentaire, en salle depuis le 23 novembre, n'a pas encore fait débloquer les relations entre les Algonquins et le gouvernement en place. Selon lui, toutefois, si le film passe à la télévision d'ici un an, il aura beaucoup plus d'impact.

Radio-Canada souhaite diffuser le documentaire «le plus près possible» de son passage en cinéma, question de bénéficier de l'engouement pour le sujet, sans nuire à la carrière du film en salle.

La présentation à la télévision du documentaire sur la coupe à blanc L'Erreur boréale, en 1999, réalisé par le même duo (Monderie-Desjardins), avait suscité une réaction immédiate du ministre des Ressources naturelles de l'époque.

Les réalisateurs se disent quand même très satisfaits des 12 000 entrées au cinéma, eux qui se demandaient si les Québécois seraient prêts à payer pour voir un film sur la misère des autochtones.

De leur côté, les Algonquins s'impatientent, disant que rien n'a vraiment bougé depuis la sortie du film. Le grand chef de la nation algonquine, Lucien Wabanonik, constate qu'il y a eu beaucoup d'encre et beaucoup de paroles, mais trouve qu'on parle plus du film de Denys Arcand (L'Age des ténèbres) alors que Le peuple invisible, selon lui, est beaucoup plus humain et qu'il parle d'une réalité concrète.

À Québec, le ministre responsable des Affaires autochtones, Benoît Pelletier, soutient qu'il consacre beaucoup de temps au dossier, soulignant qu'il n'y travaille pas seulement depuis la sortie du film.