«Je veux embrasser quelqu'un!» lance, catégorique, le livreur de pizza au génie devant lui.

Voilà déjà une quinzaine de fois que Patrick Drolet (le livreur) et François Létourneau (le génie) refont la scène, en éclatant de rire invariablement chaque fois que les réalisateurs Miryam Bouchard et Michel Pelland crient: «Coupez!»

À cause de l'incongruité de la situation, sûrement. Car le génie est en jaquette et se promène avec un soluté au bras. Parce que l'action se passe dans une cuisine et non dans un hôpital. Faut être disposé à tout lorsqu'on accepte de jouer dans des courts de Fais ça court! «On ne sait pas trop à quoi s'attendre, mais on se lance», dit Patrick Drolet.

Les héros des Invincibles ont quatre heures pour matérialiser devant la caméra la vision des réalisateurs. «On ressent une certaine pression, mais on est entre bonnes mains, dit François Létourneau. Les réalisateurs sont calmes et en contrôle.»

Les acteurs ont reçu leurs textes la veille, à 19h. Textes composés quelques heures auparavant à peine, après que les réalisateurs eurent reçu les directives et contraintes de la production.

Car pour participer à l'aventure Fais ça court!, les réalisateurs aussi doivent être prêts à surmonter quelques obstacles: textes écrits en cinq heures, pas une seconde de plus, personnages, accessoires et lieux de tournage imposés...

Tournage «de luxe»

Les tournages ont souvent lieu en location. Mais, en ce matin de décembre, la fiction a rencontré... la fiction! Le travail a lieu sur le plateau de la série jeunesse Ramdam. Celui où travaille, depuis sept ans, Mariloup Wolfe, animatrice de Fais ça court! «On a profité d'une semaine de congé de l'équipe de Ramdam pour travailler ici, dit l'interprète de Mariane. C'est amusant de voir un lieu qui m'est si familier transformé. C'est un luxe pour l'équipe de tourner ici. Les gens ont notamment accès à une salle de maquillage.»

«Il reste deux heures, ça va super bien!» crie Mariloup Wolfe à l'équipe, entre deux commentaires à la journaliste. Six des 12 plans prévus par les réalisateurs sont tournés.

«L'horaire est respecté. On est satisfaits du travail avec les comédiens. On a réussi à avoir le ton (humour noir) recherché», explique Miryam Bouchard à Mariloup Wolfe qui ne se gêne pas pour poser des questions aux gens sur le plateau pendant leur travail. Même si le temps est compté! «Je suis toutes les étapes de la production, mentionne l'animatrice. J'aime mettre de la pression sur les épaules des réalisateurs. Je suis la mouche à merde du plateau! C'est intéressant de voir comment les gens réagissent en situation de stress.»

Les commentaires glanés ici et là laissent croire que l'équipe de Miryam Bouchard et Michel Pelland est une des plus zen depuis le début de l'aventure Fais ça court! Huit duos se sont prêtés au jeu, cet automne. On peut encore voir leurs réalisations sur le site Internet de l'émission (www.faiscacourt.telequebec.tv), en attendant le retour de l'émission. Car il y aura six autres équipes qui se prêteront au jeu à compter du 10 janvier, à 19h. Les fruits du présent tournage seront montrés le 24 janvier.

Collaboration exemplaire

Depuis l'annonce de sa mise en ondes, l'émission Fais ça court! a fait couler beaucoup d'encre. Pour le meilleur et non pour le pire. L'automne a été riche en bouts de films et scénarios surprenants créés «on the spot». Bien des comédiens ont accepté de se laisser guider par des réalisateurs téméraires à l'imagination fertile. «Suzanne Clément, Gilles Renaud, Jacques Godin, Paul Ahmarani, Maude Guérin, Catherine Trudeau, James Hyndman, Isabel Richer, Claude Legault notamment», énumère, fière, la productrice Marie Brissette.

Chaque émission suit deux équipes (de réalisateurs verts ou aguerris) qui doivent produire un court métrage dans le même lieu et avec les mêmes comédiens. Quand l'équipe Bouchard-Pelland a quitté le plateau de Ramdam, une autre a pris la relève en après-midi. Une fois terminé, leur travail respectif est diffusé, comparé et noté sur le web par les téléspectateurs.

Chaque tandem dispose d'un budget de 6000$ à 7500$ pour son film. Chose rare pour ceux qui se lancent habituellement dans la production d'un court métrage. «J'ai fait plusieurs films corporatifs et vidéoclips, raconte Michel Pelland. C'est un luxe de faire de la fiction.»

«On pense, au départ, qu'on va nous lancer dans un truc sans filet, mais au fond, on est encadrés, note Miryam Bouchard. Heureusement, Michel et moi avions déjà travaillé ensemble. Cela dit, l'expérience n'assure pas les meilleures idées.»

À vous maintenant de juger de leur idée de génie: le 24 janvier, à Télé-Québec.