Le thème du suicide était familier à l'un, étranger à l'autre. Yves-Christian Fournier a pourtant eu l'instinct de faire appel à un romancier pour écrire le film qu'il avait en tête. Guillaume Vigneault a répondu à l'appel.

Quand la proposition est arrivée, Guillaume Vigneault a demandé deux semaines de réflexion. «N'étant pas familier avec le thème du suicide, je voulais quand même prendre un peu de temps pour voir si je pouvais apporter quelque chose. Cela dit, je me sentais déjà à l'aise avec l'idée d'écrire pour le cinéma, même si la démarche d'écriture est complètement différente.»

Pour Vigneault, le cinéma est une forme d'expression «qui s'arrête à la peau». Il explique en outre qu'un romancier qui se lance dans l'écriture d'un scénario doit traduire ses descriptions en images. «Le plus grand défi est de trouver le geste qui pourra en révéler plus sur un personnage que tous les mots que tu peux lui mettre en tête. Je dois me taire dans la bouche des comédiens, mais en même temps décrire toutes leurs intentions dans le script.»

Le cinéma étant un «sport d'équipe», l'écrivain doit aussi apprendre à lâcher prise, lui qui, habituellement, est entièrement responsable de son oeuvre. «J'ai déjà accepté d'écrire des textes de commande que j'ai regrettés pas la suite. Quand on m'a montré Sunk, le court métrage qu'Yves-Christian Fournier avait réalisé, j'ai su que je pourrais bien travailler avec ce gars-là. Que je pouvais lui faire confiance. Je n'ai pas été déçu.»

L'écrivain loue en outre l'instinct très sûr d'un cinéaste qui n'a pas hésité à montrer le suicide sous son jour le plus cru.

«Je crois que nous avons été responsables à cet égard. Nous n'avons surtout pas voulu nous prendre pour des thérapeutes. Le suicide n'a rien de beau, rien de romantique. Il n'engendre que douleur. Et n'appelle pas de réponses. Bien honnêtement, je ne conseillerais pas ce film aux gens qui vivent un deuil d'un suicidé.»

Plusieurs projets s'annoncent par ailleurs pour Guillaume Vigneault. Il travaille en effet actuellement sur le scénario de l'adaptation cinématographique de son deuxième roman, Chercher le vent, que portera Pierre Houle à l'écran. Un projet d'adaptation de Sympathie pour le diable, le livre du reporter Paul Marchand, figure aussi dans ses plans, de même qu'un projet d'une série télévisée dont Francis Leclerc signerait la réalisation.