Une année comme 2005, alors que le cinéma québécois avait recueilli 18,2 % de parts de marché, en était une bénie des dieux, avec des succès comme C.R.A.Z.Y., Maurice Richard et Aurore. Depuis, la performance au box-office des films d’ici a régressé à 11,7 % en 2006 et à 10,6 % l’an dernier. Une perte nette de 343 000 entrées en un an, selon l’Observatoire de la culture et des communications du Québec.

Pour Simon Beaudry, de la firme Cinéac, une entreprise spécialisée dans la compilation et l’analyse des chiffres du box-office, cette stagnation autour de la barre des 10 % n’est pas inquiétante en soi.

«Le cinéma québécois ne produit pas un volume suffisant de films pour atteindre les 18 ou 20 % à tous les ans. C’est impossible de répéter ce score d’une année à l’autre. Ça prendrait une moyenne au bâton très élevée pour chaque film. Le plancher psychologique se situe autour de 10 %. En bas de cela, on pourrait commencer à s’inquiéter.»

Si l’année 2005 a été exceptionnelle, il ne faudrait pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps encore, le cinéma québécois tirait le diable par la queue. Il y a huit ans, sa part de marché se chiffrait à 4,5 %. En 1996, c’était la misère noire avec un faible 2,7 %.

Les films québécois occupent maintenant tout le calendrier. Révolu le temps où la saison estivale était l’affaire exclusive des grosses productions américai-nes. «Le cinéma québécois s’offre lui aussi de mégacampagnes de publicité. Mais à ce jeu-là, même les Américains n’ont aucune garantie (que leur film va connaître du succès).»

Encourageant pour 2008

L’année 2008 semble porteuse de nouvelles encourageantes. «Sur papier, ça permet beaucoup d’espoir», avance Simon Beaudry, en pensant à Dans une galaxie près de chez vous 2 (avril); Le piège américain, avec Rémy Girard (mai); Cruising Bar 2, avec Michel Côté (juin); Cadavres, qui marque les retrouvailles du tandem Patrick Huard-Érik Canuel après Bon Cop, Bad Cop (juillet); Un été sans point ni coup sûr, avec Roy Dupuis et Patrice Robitaille (juillet); Babine, de Luc Picard, inspiré du livre de Fred Pellerin (novembre); Dédé, sur la vie du regretté chanteur Dédé Fortin (décembre); et Le grand départ, de Claude Meunier, avec Marc Messier (décembre).

Des films comme le dernier Philippe Falardeau, C’est pas moi, je le jure (septembre), ou un «ovni» comme Le cas Roberge (août) pourraient aussi causer la surprise, estime M. Beaudry.

Depuis le début de l’année, quatre films québécois ont pris l’affiche : La ligne brisée (en salle depuis hier), Borderline (recettes de 937 011 $), Tout est parfait (272 051 $) et La belle empoisonneuse (45 969 $).