Podz s'est bien entouré pour son premier long métrage: Patrick Sénécal pour le scénario, Rémy Girard, Claude Legault et Fanny Malette pour la distribution. Le réalisateur de Minuit le soir fait des Sept jours du talion son film, un thriller sombre et violent.

Les sombres héros, Claude Legault (Les 3 p'tits cochons) connaît. Marc, son doorman de Minuit le soir, avait certes ses accès de violence. Rien de grave à côté de ceux de Bruno Hamel, qui, dans Les sept jours du talion, bascule, dans une haine «animale» après le viol et l'assassinat de sa petite fille par un pédophile récidiviste, Anthony Lemaire (Martin Dubreuil).

«J'imagine, ou je peux imaginer facilement, même si je n'ai pas d'enfants, que la haine peut monter dans ces cas-là», dit Claude Legault. Plus tôt cette semaine, il tournait une scène charnière du film: la découverte du corps martyrisé de sa fillette, abandonné dans un champ. «Cet événement déclenche une bombe chez (Bruno)», dit Claude Legault.

La vengeance de Bruno Hamel, chirurgien de son état, sera terrible. Lemaire kidnappé, Hamel le soumet à sept jours de torture. «Il essaie de se soulager, mais cela ne l'apaise pas. Alors, il s'enfonce et devient lui aussi bestial», dit le comédien, posant la question: «Jusqu'où la vengeance est-elle légitime?»

«On se dit toujours que si quelque chose arrivait à notre enfant, on tuerait le responsable. Mais on va se rendre compte que la vengeance ne le satisfait pas», révèle Rémy Girard. Son personnage, le détective Hervé Mercure, a lui aussi subi une perte violente: celle de sa femme, tuée par hasard, «pour 58 $», dans un dépanneur. «Il ne transcende pas la mort de sa femme», constate Rémy Girard.

Patrick Sénécal, comme Podz, puisent leur inspiration dans les zones d'ombre de leurs personnages. «C'est un sujet sombre, violent et on n'a pas peur de ce côté dans le film, admet le réalisateur de C.A. et 3 x rien, Podz. Moi, c'est un peu mon truc. J'aime faire la comédie, mais j'aime beaucoup aussi le côté sombre des personnages, j'aime aller voir ce qu'il y a de profond en l'être humain.»

Si le thème des Sept jours du talion peut ressembler à ceux de ses séries télé, la signature visuelle de son film sera, elle, bien différente. «Normalement, je tourne à l'épaule (...) Là, je tourne avec une caméra fixe, plus stable. Il y a une froideur dans la caméra qui n'est pas là d'habitude. L'émotion est dans les personnages plus que dans la caméra», explique le réalisateur.

«C'est un thriller, bien sûr, mais c'est intéressant de voir comment les personnages composent avec ça. Je me fie beaucoup à Podz, dit Rémy Girard. C'est quelqu'un qui fait parler les images. Je l'ai connu sur Les Bougon, j'ai vu ce qu'il faisait à la télé, et je ne pense pas que pour lui, la transition au cinéma soit énorme.»

Podz, qui se dit volontiers «instinctif», a sauté sur la proposition de Nicole Robert, la productrice de GO Films, de porter le thriller de Patrick Sénécal au cinéma.

«J'aimais l'histoire. J'avais le goût d'être au cinéma et de voir cette histoire-là», explique-t-il.

«Podz n'a peur de rien», se félicite de son côté Nicole Robert. Depuis six ans, la productrice espère amener le roman de Sénécal au cinéma. «On tournait Sur le seuil (l'adaptation d'un roman de Patrick Sénécal par Eric Tessier, ndlr). Patrick écrivait Les sept jours du talion. Je lui ai tout de suite dit: je le veux!», se souvient Nicole Robert.

Robert Morin (Requiem pour un beau sans coeur) doit alors réaliser le film. Dépité par une succession de refus des institutions, le réalisateur jette l'éponge. Pas Nicole Robert, qui offre alors le projet à Podz et décide de le financer grâce à l'enveloppe à la performance.

Une bonne équipe

«J'ai réussi à réunir 3,4 millions, avec l'aide aussi de mes distributeurs Séville et Alliance. Ce n'est pas élevé pour le type de film que je dois faire. Mais j'arrive à le faire, parce que j'ai la bonne équipe», dit-elle.

Par un hasard du calendrier, le tournage des Sept jours du talion coïncide avec celui d'un autre film adapté de Patrick Sénécal, 5150, rue des Ormes, produit par Cirrus (C.R.A.Z.Y.).

Tous deux seront distribués l'an prochain par Alliance Vivafilm. Nicole Robert ne craint pas que ces deux films se cannibalisent. «On va bien planifier la sortie», promet-elle.