Les 11es Rencontres internationales du documentaire de Montréal se poursuivent jusqu'au 23 novembre. Le président des RIDM, Philippe Baylaucq, est avant tout cinéaste et les Rencontres présentent son dernier documentaire, Le magicien de Kaboul.

Le monde a besoin de magie, chantait Michel Rivard il y a deux décennies. La chanson se terminait sur ces paroles: «et moi j'ai tellement besoin de lui.» Ce pourrait être la complainte des documentaristes qui, sans la réalité, feraient, sans doute, autre chose dans la vie.

Philippe Baylaucq en est. Il aime la fiction et l'expérimentation au cinéma, mais le documentaire lui a permis de rencontrer et de filmer des êtres humains inspirants et inspirés comme Phyllis Lambert, le peintre Marcel Baril et le magicien de Kaboul, Haruhiro Shiratori.

Le cinéaste est tombé sur son histoire au Japon en 2003, où il présentait son film jeunesse Hugo et le dragon, en lisant un article à la une d'un quotidien. C'est l'histoire d'un homme qui a mis sa vie au service de la paix dans le monde. Son leitmotiv: ses parents sont morts pendant la Deuxième Guerre mondiale et son fils unique a péri dans les attentats du World Trade Center en septembre 2001.

Il décide d'aller en Afghanistan pour fonder un centre culturel pour enfants. Utilisant la magie, il charme tout un et chacun et se lance dans son projet avec l'appui d'un grand architecte japonais. Respectueux, attentif, le cinéaste suit les hauts et les bas de cette réalité, plus belle que la fiction.

«Cette histoire est une lame de fond, croit Philippe Baylaucq. La vie est toujours plus folle que la fiction, si tu te donnes l'occasion de la suivre. Avec ce sujet qui me touche beaucoup, j'essaie de proposer un cinéma où le spectateur complète la réflexion amorcée à l'écran.»

La réussite du documentaire réside justement dans son refus de déifier le personnage principal, et d'idéaliser ses visées.

«L'histoire, ce n'est pas la perte de son fils ou de ses parents, mais sa route, celle de tous ces enfants qu'il adopte en chemin et pour qui il veut faire quelque chose», dit-il.

L'engagement

Philippe Baylaucq est lui-même très engagé dans sa profession. Avant d'être aux RIDM, il a été président de l'Association des réalisateurs pendant quatre ans. Il en a beaucoup à dire sur le cinéma.

«Je crois au cinéma comme mode de démocratisation, comme mode d'expression et d'identification», dit-il.

Ses oeuvres ont remporté de nombreux prix au Canada comme à l'étranger. En témoignent Lodela (1996), qui a reçu 11 distinctions internationales, et Mystère B. (1998), primé au FIFA. Mais son combat, en ce moment, reste la diffusion.

«Nous vivons dans un pays très riche où la culture est payée par les impôts, mais le talon d'Achille de ce système gouvernemental, c'est la diffusion. Pourquoi investir en amont à toutes les étapes de production et ne pas faire en sorte que les films soient vus. Ça nous prend une politique de la diffusion», souligne-t-il.

Le magicien de Kaboul est présenté dans le cadre d'une projection-débat lundi soir, 19h30, au cinéma de l'ONF.