Moins de deux mois après la sortie de Polytechnique, Denis Villeneuve est de retour sur un plateau de tournage pour son prochain film, Incendies. Pour le cinéma, Villeneuve reprend les maux du dramaturge Wajdi Mouawad dans un long métrage explorant, encore, la colère.

Jeanne et Simon viennent de perdre leur mère. À la lecture du testament, ils découvrent les requêtes de celle-ci: retourner au pays de ses origines pour retrouver un père, qu'ils croyaient mort, et un frère, dont ils ignoraient l'existence. Retourner dans le passé, pour ces enfants nés dans l'exil, signifiera se confronter à un pays en guerre.

Incendies «est une continuité de l'exploration des colères. C'est quelque chose qui me touche profondément», explique le réalisateur et scénariste Denis Villeneuve. Si Wajdi Mouawad plongeait le spectateur dans les affres de la guerre du Liban, Villeneuve dit avoir opté pour un espace «plus imaginaire».

C'est en Jordanie que sera tourné en partie Incendies dès le mois prochain. «C'est un pays qui nous offre beaucoup», dit Villeneuve. Aux journalistes, il précisera toutefois: «Ce qui est universel, c'est la colère. Le défi est d'explorer une culture qui n'est pas la mienne, contrairement à Polytechnique. Il va falloir que je sois humble.»

Pour interpréter Jeanne et Simon, Denis Villeneuve a fait appel à Mélissa Désormeaux-Poulin et Maxim Gaudette, qu'il a dirigé dans Polytechnique. «Je savais qu'on allait se retrouver, mais je ne pensais pas que ce serait de sitôt: j'en suis très content», affirme Gaudette. Surtout connue pour ses apparitions au petit écran mais aussi pour sa prestation d'adolescente dans les deux films À vos marques... party!, Mélissa Désormeaux-Poulin poursuit, avec Incendies, une percée entamée par sa prestation dans Dédé à travers les brumes, le drame biographique consacré à André Fortin.

«Je me sens en sécurité ici. Denis sait exactement où il s'en va, il sait où nous diriger. Je n'ai jamais connu ça: comme actrice, c'est très nourrissant, dit la jeune femme. Que l'on me fasse confiance, ça me touche énormément, cela m'excite beaucoup surtout d'aller tourner ailleurs.»

Sur le plateau, Denis Villeneuve mène en effet acteurs et caméraman d'une main de maître. Décontracté, souriant, Villeneuve orchestre les allées et venues à l'écran à la seconde près. Dans les plans tournés hier en présence des journalistes, peu de mots, certes, mais une caméra qui scrute l'oeil inquiet de Jeanne et Simon sur leur mère (Lubna Azabal), fraîchement hospitalisée.

«Formellement, il reste très fort, mais il est plus sobre, plus mature», observe André Turpin au sujet de Villeneuve. Complice et ami de longue date du réalisateur, le directeur-photo se retrouve sur le même plateau que lui pour la première fois depuis Maelström. Incendies sera sans aucun doute plus classique dans sa forme. «On vieillit, on a le désir dans un film de conter une histoire de façon plus narrative, énumère André Turpin. Incendies est un film complexe: il y a 180 scènes, 100 personnages et 14 époques. On filme de façon à communiquer l'histoire.»

Denis Villeneuve ne cache pas son enthousiasme de retrouver son «plus grand collaborateur à vie». «On a évolué en parallèle: il a beaucoup gagné en maturité, dit Villeneuve. Je l'ai remis en position de danger. Je commence à voir les rushs, et je pense que c'est son plus beau film à vie», croit-il.

 

Incendies en bref

Réalisé par Denis Villeneuve
Produit par micro_scope
Budget du film : 6,5 millions
Distribution: Séville (le film pourrait prendre l'affiche au printemps 2010).