«Il y a des vérités qui ne peuvent être connues que si elles sont découvertes», dit Rémy Girard avant de prendre Mélissa Désormeaux-Poulin dans ses bras. Maxim Gaudette, derrière, a l'air sonné. C'est l'une des dernières scènes du film. La quête des jumeaux vient de se conclure.

Or, Denis Villeneuve n'est pas satisfait de la mise en place. Avec son directeur photo André Turpin, son premier assistant Éric Parentau, il discute, envisage, réfléchit. La script Thérèse Bérubé tend l'oreille. Un vrai travail d'équipe. Le temps presse. Dans 45 minutes, le soleil sera tombé derrière les collines du nord de la Jordanie, sur lesquelles on aperçoit ici et là des tentes de Bédouins, partis nourrir leurs troupeaux.

Le réalisateur ne panique pas pour autant; quand il faut prendre une décision en vitesse, il peut compter sur ses proches collaborateurs. «Denis sait s'ouvrir à la réalité du décor, des acteurs, dit André Turpin, complice de longue date de Villeneuve. Il peut sculpter avec tout, s'adapter. Il a vraiment une vision. On l'aide à composer des plans forts, mais c'est vraiment son oeil, ce film-là. Il assume bien et je pense que c'est pour ça que ça va fesser.»

«Faire Polytechnique avant Incendies, ç'a été une méchante bonne idée, explique Denis Villeneuve. J'ai eu une leçon de cinéma 101 avec Pierre Gill (directeur photo de Polytechnique). Comment structurer les mouvements dans l'espace pour que chaque plan t'apprenne quelque chose. Pour ça, Pierre est un maître et il m'a appris plein de choses.»

Une vingtaine de minutes plus tard, tout est décidé. On coupe une branche d'olivier pour laisser passer la caméra. La disposition des comédiens change. Villeneuve crie «action!» puis «coupez!» satisfait. Et le soleil brille toujours.