Inspirés par leur éveil à la paternité, Martin Petit et Ken Scott ont eu l’idée un peu folle de raconter l’histoire de David Wosniak. L’homme de 42 ans découvre un beau matin qu’il est le père biologique de 533 enfants.

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« L’idée est venue de l’émotion que j’ai eue à la naissance de mon fils il y a quatre ans. J’ai pris conscience que ma conception de l’être humain avait changé. On dirait que j’ai enfin compris ce que c’est. J’ai raconté à Ken l’embryon de l’histoire de Starbuck et le soir même il m’a appelé à la maison pour me dire « Je pense qu’on devrait écrire ce film-là ». On a arrêté tout ce qu’on faisait et on a travaillé dessus pendant sept mois », explique Martin Petit.

Les deux scénaristes se sont également inspirés de l’histoire du taureau Starbuck, dont la semence a donné naissance à toutes les vaches laitières et les veaux d’Amérique.
« Par anthropomorphisme, je prête beaucoup d’intentions humaines aux animaux. À sa retraite, Starbuck était tout seul dans son pré et je trouvais ça triste qu’il ait une aussi grande famille, tout en étant si seul », ajoute Marti Petit.

« Martin et moi on est à l’âge où la paternité nous définit et nous change. On a visité la paternité sous tous les angles, mais de manière ludique », ajoute Ken Scott, coscénariste et réalisateur du long métrage.

Patrick Huard incarne David Wosniak, personnage principal de cette comédie dramatique, éternel adolescent dans la quarantaine Il apprend que sa petite amie Valérie (Julie Le Breton) est enceinte, mais aussi que ses 533 enfants biologiques issus de ses dons de sperme lorsqu’il était adolescent, ont entamé un recours collectif afin de faire lever la clause d’anonymat protégeant son identité.

« Ça fait longtemps que je veux travailler avec Patrick. Son personnage est dans chaque scène et c’est plein de petites histoires et de petits drames d’enfants autour de l’arc dramatique de David Wosniak. Ça prenait quelqu’un qu’on a avait envie de suivre pendant deux heures, un bon acteur comme Patrick Huard », dit le réalisateur.

« Pour le reste de la distribution on a procédé par casting. Julie Le Breton avait déjà joué un de mes textes dans Maurice Richard et Antoine Bertrand, qui incarne l’avocat, a été une grande découverte pour moi. Ça a été tout un duo avec Patrick ! » ajoute-t-il.

Le tournage de Starbuck aura duré 33 jours et a nécessité plus de 175 figurants pour certaines scènes.

« On a souvent entendu : « Ce n’est pas possible, on n’y arrivera pas ! » Mais on a réussi et ça a été un grand défi à relever. Ce sont toutes ces rencontres qui font le charme du film », précise le réalisateur.

Enjeux moraux

« À 17 ans, tu fais la liste de tes talents et te masturber arrive en tête de liste, s’amuse Martin Petit. Mais quand tu comprends ce que le don de sperme implique plus tard, tu te dis : « Une chance que je n’ai pas fait ça ! ». À 17 ans ça n’implique rien, tu n’accouches pas, t’es un gars, tout le trouble se passe ailleurs, c’est facile d’occulter . »

En plus de nourrir une réflexion sur la paternité, Starbuck soulève également une foule de questions à propos des enjeux moraux entourant la procréation assistée.

« La procréation assistée était faite au début de façon naïve : « Je le veux grand, blond et qui joue au tennis ». Mais avec la génétique, il y a toute une autre dimension qui a émergé. Ça va au-delà d’un geste superficiel, ça évolue et on est en train de réfléchir aux conséquences. Les êtres humains veulent savoir d’où ils viennent. Rares sont ceux qui ne cèdent pas à cette curiosité-là », dit Martin Petit.

« Ce qui était intéressant avec ce genre de thématique contemporaine, c’est qu’elle n’offre pas de réponses toutes faites. On est dans l’exploration. Il y a des dizaines de milliers d’enfants nés de la procréation assistée chaque année. Tous ces enfants naissent comme des citoyens de deuxième ordre, car contrairement à tout le monde, ils n’ont pas le droit de savoir qui est leur père. Quand on regarde le dilemme, on se dit qu’ils devraient avoir le droit de savoir. Mais d’un autre coté, sans la clause d’anonymat, il n’y aurait plus de don de sperme », conclut Ken Scott.

Ce qu'en pensent les enfants de Starbuck

David Michael (Antoine)

« Si j’étais né dans ce contexte, j’aurais chercher à savoir de qui je venais, je comprends tout à fait les jeunes dans le monde qui ont fait des recours semblables. Ne serait-ce que pour trouver leur propre identité à travers celle de quelqu’un d’autre. »

Sarah-Jeanne Labrosse (Julie)

« C’est quand même pas logique de chercher. On sait qu’il existe des banques de sperme. On ne devrait pas prétendre à la rencontre. C’est un don qui est fait par un homme qui ne désire pas assumer une paternité. C’est donner la chance à des couples d’avoir des enfants. »

Patrick Martin (Étienne)

« Je crois qu’à 12 ans, j’aurais commencé à chercher mon père biologique. Pour moi, l’identification paternelle est très importante. J’aurais peut-être été leur porte-parole ! Je n’ai rien contre la clause de confidentialité, mais on devrait donner l’opportunité au géniteur de dire si oui ou non, 18 ans plus tard, il est prêt à rencontrer son enfant biologique, désireux de le connaitre. »