Philippe Falardeau ne pouvait faire deux pas hier sans se faire attraper par un journaliste ou une équipe de télé.

Affichant un sourire calme, le réalisateur de Monsieur Lazhar ne semblait pas être affecté par le blitz médiatique à la réception donnée par le consulat canadien en l'honneur des Canadiens sélectionnés aux Oscars, à Beverly Hills.

«Mon objectif est de garder le rythme, et d'arriver dimanche avec assez d'énergie pour apprécier le gala, a-t-il confié. Pour l'instant, ça va, mais je dois dire que je sens le stress arriver. «

Falardeau dit être «plutôt à l'aise» avec les rouages de la cérémonie des Oscars jusqu'à présent. «Dans notre section, celle des films étrangers, c'est surtout des gens qui tournent avec de petits ou moyens budgets. Nous ne nous sentons pas si incongrus.»

Les producteurs Luc Déry et Kim McCraw, de la firme micro_scope, étaient aussi à la réception. C'est la deuxième fois en autant d'années qu'ils se retrouvent dans la course aux Oscars. L'an dernier, ils y étaient pour le film Incendies, de Denis Villeneuve.

«C'est clair qu'on ne s'attendait pas à revenir ici aussi vite, a dit Mme McCraw. Monsieur Lazhar est un film très personnel, et puis on ne fait pas un film en pensant aux prix et aux récompenses. C'est une très belle surprise d'être là cette année. «

La créativité du Québec a été saluée par le Consul général du Canada à Los Angeles, David Fransen. «Le Québec produit des oeuvres d'une qualité incroyable, et ce que nous avons ici est la pointe d'un très gros iceberg.»

Avant la réception, organisée au chic hôtel Beverly Wilshire, Philippe Falardeau a noté qu'il ne raterait pas l'occasion d'aborder Steven Spielberg, s'il le croisait au gala, dimanche. « Je lui dirais que, quand j'étais jeune, je ne comprenais pas pourquoi des films dramatiques gagnaient les Oscars, au lieu des films cool, comme E.T.. Ironiquement, aujourd'hui, je suis aux Oscars avec un film dramatique que je n'aurais sans doute pas trouvé cool étant jeune.»

Falardeau dit avoir échangé quelques courriels avec Denis Villeneuve. «Il m'a conseillé de ne pas donner mon numéro de cellulaire personnel aux journalistes. Sinon, on se fait réveiller à 4h du matin. Je pense que je vais suivre sa recommandation.»

La cérémonie, produite avec l'aide de la Délégation du Québec à Los Angeles, a aussi souligné le travail de Patrick Doyon, en nomination pour son court métrage d'animation, Dimanche. Il s'agit du 72e film produit par l'Office national du film du Canada à se retrouver dans la course aux Oscars, un record international pour un organisme situé à l'extérieur d'Hollywood.

«Être sélectionné aux Oscars, c'est une aventure formidable, a dit M. Doyon. Hier, j'ai présenté mon film, et Matt Groening [NDLR: le créateur des Simpson] a assisté au visionnement. Disons que ça n'arrive pas tous les jours.»

Le compositeur canadien Howard Shore, en nomination pour la meilleure musique originale du film Hugo, de Martin Scorsese, a lui aussi dit être honoré de faire partie des finalistes.

«Quand un réalisateur comme Scorsese décide de rendre hommage à un pionnier comme Georges Méliès, ça donne quelque chose de spécial, c'est un travail de passion, a-t-il confié. Composer la musique pour ce film a été très stimulant.»

M. Shore a déjà remporté trois Oscars durant sa carrière.