Dimanche, court-métrage d'animation du Montréalais Patrick Doyon, nous fait vivre 10 tendres et nostalgiques minutes de souvenirs de jeunesse à rêvasser pendant la messe et le souper de famille chez grand-maman. Nous ne sommes pas seuls à avoir été touchés par le film qui est dans la course pour le plus prestigieux des honneurs: l'Oscar du meilleur court métrage d'animation.

L'illustrateur de 32 ans, diplômé du programme de design graphique de l'UQAM, a réussi son passage à l'animation, c'est le moins que l'on puisse dire.

«Je ne voulais pas faire dans l'animation, mais c'est à l'université que j'ai développé ce goût», a-t-il expliqué quelques jours avant de prendre l'avion pour Los Angeles. Avec le cinéma, j'ai découvert qu'on pouvait créer une belle proximité avec le spectateur. C'est un beau moyen de raconter des histoires et transmettre des émotions.»

C'est au contact des artisans de l'ONF, producteur de son film, qu'il a goûté à la fabrication d'histoires animées, dès 2006. Dimanche est son tout premier film professionnel et il se retrouve aux Oscars! La bonne nouvelle est tombée le 24 janvier dernier, raconte Doyon.

«On savait que l'annonce serait faite à 20h30, alors on s'est mis à l'ordinateur pour suivre ça sur le web. C'est ainsi que j'ai appris avec la petite famille que mon film était parmi les heureux élus», raconte-t-il.

Tout comme un second film produit par l'ONF, Wild Life, de Wendy Tilby et Amanda Forbis. Si l'un des deux remporte la statuette convoitée, il s'agira du troisième prix pour l'ONF dans la catégorie court métrage d'animation en 10 ans. Une belle surprise, mais Doyon savait qu'il avait des chances. «Le film avait déjà eu une belle vie en festival», note-t-il.

L'Allemagne, la Russie, le Danemark, le Portugal ont tous eu la visite du court métrage. Au Festival mondial du film animé de Varna, en Bulgarie, Dimanche a reçu le prix du meilleur film pour enfants.

On le dirait dessiné par un enfant, justement. Un trait clair et économe, des formes simples, presque déconstruites, presque cubiques aussi, pour évoquer Picasso, que cite le cinéaste.

«Il disait quelque chose comme: Ça prend toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant. Dans le sens qu'il faut désapprendre tout ce qu'on a appris pour pouvoir aborder notre travail de façon différente. C'est beau de savoir dessiner en observant, en apprenant avec des modèles. Ça fait partie du processus d'apprentissage. Après, il faut se questionner: qu'est-ce qu'on fait de notre savoir? C'est complexe, bien dessiner naïvement. Je préfère dessiner simplement plutôt que d'essayer d'en mettre plein la vue», avoue-t-il.

Vous avez peut-être déjà posé votre regard sur une illustration de Patrick Doyon sans savoir qu'il en était l'auteur. Dans l'Actualité, Urbania, ou sur les étiquettes de la Microbrasserie du Lac-Saint-Jean, un travail d'illustration qui lui a valu un prestigieux prix du magazine Applied Arts.

«Je ne sais pas pourquoi mon film séduit autant, s'avance Patrick Doyon. Je pense d'abord que son graphisme le distingue des autres films en compétition. Je crois que ses qualités sont un mélange de tout ce qui constitue le film, du graphisme au sens de l'humour. La mélancolie, aussi. Tout le monde a déjà vécu des dimanches ennuyeux.»

Prochains projets: un livre pour enfants dont il assure l'illustration qui sera édité chez La Pastèque dans les prochains mois. Une bande dessinée, aussi.

«C'est un univers que j'apprécie beaucoup, dit-il. Travailler sur un story board pour le cinéma, c'est très semblable à la bédé.»