Marc Labrèche tourne son tout premier film en anglais ces jours-ci. La boîte de production micro_scope, qui surfe sur le succès de Monsieur Lazhar, lauréat de sept Jutra dimanche, en est elle aussi à ses premières armes dans la langue de Shakespeare.


Dans un bar crade de la rue Notre-Dame Ouest, Marc Labrèche, vêtu d’un vieux col roulé gris, d’un manteau de velours côtelé et d’un jean délavé, donnait la réplique à l’acteur américain Thomas Haden Church, qu’on a pu voir dans Sideways et Easy A. Les deux vedettes de Whitewash, le réalisateur Emanuel Hoss-Desmarais – surtout connu pour les désormais célèbres pubs de Familiprix – en étaient à leur 19e jour de tournage.


« Nous tournons une scène qui est cruciale, raconte le scénariste, Marc Tulin, qui écrit notamment pour la série Les Parent. C’est un moment pivot lors duquel les deux personnages se rencontrent. »


Whitewash raconte l’histoire de Bruce Landry (Thomas Haden Church), mi-quarantaine, qui, à la suite d’une beuverie, écrase mortellement un homme avec sa déneigeuse. En pleine tempête, il s’enfuit en forêt. S’ensuit alors une longue épreuve de survie, pendant laquelle le personnage de Marc Labrèche apparaît en flashbacks.

Il s’agit d’un film d’hiver dont le scénario se déroule à la frontière du Témiscamingue et de l’Ontario. Presque toutes les scènes ont été tournées dehors.


« C’est comme un western dans la neige », dit Labrèche. Haden Church, avec son visage rude et ses cheveux en bataille, joue le rôle du « parfait Canadien anglais », alors que lui campe un Québécois, qui selon ses dires « baragouine l’anglais pour arriver à lui parler ».


Le comédien n’a pas joué en anglais depuis la pièce de théâtre Les Aiguilles et l’Opium dans les années 90. « J’adore ça, confie-t-il entre deux scènes. Ça me permet de travailler avec d’autres cordes. C’est un défi supplémentaire, mais ça me donne aussi une nouvelle liberté. »


Quant aux deux comparses qui le dirigent, Marc Tulin et Emanuel Hoss-Desmarais, ils sont tous deux parfaitement bilingues et se qualifient eux même de « bâtards » de la langue. S’ils ont choisi l’anglais, c’est qu’ils le sentaient ainsi.


« Le film ne se déroule pas entièrement en anglais, note toutefois Marc Tupin. Il y a quelques échanges en français », selon lui, la langue ne rebutera pas les spectateurs francophones. « Il y a très peu de dialogues », assure-t-il. Et pour cause, le personnage de Bruce Landry passe de longs moments en forêt avec pour seule compagne, sa déneigeuse, l’arme du crime.


Au lendemain de leur triomphe aux Jutra, les producteurs Luc Déry et Kim McCraw, qui caressent l’idée de produire un film en anglais depuis plus de quatre ans, regardaient le tout aller d’un oeil bienveillant. Encore sur un nuage.


« Je comprends pourquoi ils ont tant de succès, dit Marc Tulin. Ils nous encadrent très bien et sont juste assez présents. » Son collègue réalisateur est du même avis. « Ils nous font tellement confiance. Ils sont au service du meilleur film possible », dit-il.


Whitewash devrait prendre l’affiche à l’hiver 2013.