Une semaine après avoir pris l’affiche en France, le film Starbuck, de Ken Scott, ne se tire pas trop mal d’affaire, mais il ne se montre pas non plus à la hauteur des attentes suscitées par une critique flatteuse et un démarrage en salles prometteur. Ce n’est ni un triomphe ni un échec, mais la suite s’annonce décevante.

Le jour de sa sortie, le long métrage québécois avait fait 25 000 entrées sur 189 copies. Mais au lieu de s’accélérer, le rythme a ralenti pendant le week-end, le soufflé est un peu retombé. Résultat: avec 102 000 spectateurs (537 par salle), Starbuck parvient à se classer au neuvième rang du top 10, mais demeure à la traîne par rapport au reste du peloton.

Le bilan est honorable, mais sans plus, l’impression qui subsiste étant que le film ne décolle décidément pas. Certes, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle, voire d’une «divine surprise», pour reprendre l’expression fétiche d’un vieux routier des cercles culturels franco-québécois.

Mais pour l’instant, très clairement, le fameux bouche-à-oreille qui aurait pu propulser Starbuck sur la même route triomphale que La grande séduction et de ses 500 000 entrées ne s’est pas mis en marche.

Un rapide coup d’oeil sur les sites et les blogues spécialisés dans le cinéma le confirme: «Starbuck a eu le plaisir de nous faire rire en bande-annonce mais également de rebuter le spectateur à cause de cet horripilant accent canadien; et c’est un peu pour cela que son bilan est carrément mitigé (...). Attendons la suite des événements mais je crains que le film se dégonfle rapidement», prédit par exemple l’auteur de cine-directors.net.

Starbuck va-t-il finir sa route? À moins d’un retournement spectaculaire, il aura vraisemblablement du mal à franchir le cap des 200 000 entrées, ce qui sera une déception considérable, d’autant que le distributeur Diaphana a beaucoup investi dans cette grosse sortie.

Starbuck a bien sûr été victime de la sortie phénomène de Ice Agge 4, qui a tout écrasé sur son passage, cumulant en une semaine 1,8 million de spectateurs et 41 pour cent de parts de marché.

Mais il a été aussi nettement devancé par les films courant dans la même «catégorie» que lui, du moins en ce qui concerne le nombre d’écrans, même si ces productions présentent l’avantage d’être portés, elles, par de gros noms.

Ne parlons pas d’Un bonheur n’arrive jamais seul, avec Sophie Marceau et Gad Elmaleh, qui se démarque avec un demi-million d’entrées dans 500 salles (et 13 pour cent de part de marché).

En revanche, soulignons que La part des anges, de Ken Loach, a beaucoup mieux fait que Starbuck, en attirant 172 000 spectateurs dans 182 salles (pour une moyenne de 944 par écrans) tandis que le film d’action «Saine et sauve» a fait 141 000 entrées pour 165 copies (et une moyenne de 855 spectateurs).

Libération, Le Figaro et Le Monde avaient très mal accueilli Starbuck, comédie «pataude et faussement trash», «sirupeuse et indigeste», finissant dans des «larmoiements d’autant plus écœurants qu’ils baignent un machisme à toute épreuve». Mais ces trois quotidiens mis à part, la critique s’était montrée unanimement favorable, y compris dans la presse intello et sérieuse, comme Télérama, L’Express ou Le Point.

La partie est maintenant jouée, ou presque et on peut déjà penser que le magazine professionnel Le Film français s’est trompé quand il a prédit que Starbuck deviendrait peut-être en France «la comédie de l’été».