Depuis le début de l'année, nous l'avons vu dans Ailleurs, Isla Blanca et, bien sûr, Chien de garde, film qui lui a valu le prix de la révélation au Gala Québec Cinéma. Cet automne, il est de Genèse, Boy Erased et Ville Neuve. Dire qu'on s'arrache Théodore Pellerin relève maintenant de l'euphémisme.

Entre la séance photo et l'interview, organisées en vue de cet article, Théodore Pellerin doit s'absenter pour prendre d'urgence un appel. Son agent américain le retient au téléphone pendant plusieurs minutes afin de discuter d'On Becoming a God in Central Florida, une série de 10 épisodes, produite pour YouTube Premium, dans laquelle il partagera la vedette avec Kirsten Dunst. Cette anecdote illustre assez bien ce qui se passe dans la vie de l'acteur depuis un an ou deux.

«Il fallait négocier les modalités pour l'audition finale, explique-t-il. Et tu dois alors donner une réponse très rapidement, pour un contrat qui risque de te lier longtemps. Mais je suis enthousiaste à l'idée de jouer une espèce de motivateur à la tête d'un système pyramidal!»

L'intérêt des anglophones à son égard est venu avec Never Steady, Never Still, un film canadien qui lui a aussi valu d'être invité au festival de Toronto (TIFF) l'an dernier à titre d'étoile montante.

«Ce genre d'exercice est utile dans la mesure où il s'inscrit dans un enchaînement d'événements qui font que ton nom commence à circuler. Tout cela est venu un peu tout seul, même si j'ai fait les efforts pour que ça arrive, bien sûr!»

Une impression de vertige

La perspective d'une nouvelle popularité inquiète cependant un peu l'acteur de 21 ans, dont on sent bien la nature introspective au fil de l'entrevue.

«Une impression de vertige me gagne parfois. Je suis même étonné des projets qu'on m'offre, de ce que les gens disent de moi. C'est comme si ce regard appartenait aux autres.»

«Alors, je vis, je vois des amis, ou je passe des moments tout seul à écouter de la musique, poursuit le fils de la chorégraphe Marie Chouinard et du peintre Denis Pellerin. Je ne m'imagine pas vraiment être connu. Je ne sais pas trop. Ce n'est pas que ça ne me tente pas, mais je veux juste m'assurer de ne pas me perdre là-dedans, de ne pas en devenir accro.»

Révélé au public québécois grâce à 30 vies, le tout premier projet auquel il ait participé, Théodore Pellerin estime devoir aussi apprendre à gérer son personnage public.

«Ce qu'on choisit de donner publiquement correspond à une version de nous-même. Je ne veux pas construire une image, mais j'essaie quand même d'être dans un état de bien-être, de proposer une version de moi qui est bien, calme, posée, sage. Je n'ai pas envie d'une version énervée.»

Trois films cet automne

Dans Genèse, le nouveau film de Philippe Lesage (Les démons), il prête ses traits à un étudiant dont le monde intérieur est beaucoup plus riche - et troublé - que celui qu'on pourrait deviner en façade. Mettant aussi en vedette Noée Abita et Édouard Tremblay-Grenier, Genèse évoque avec sensibilité et délicatesse les questionnements amoureux liés à l'adolescence, en trois histoires distinctes.

«Le scénario est incroyable. J'ai aimé être dans cette histoire-là. Le personnage est très romantique, très ambitieux quant à sa vie. Peu à peu, son intériorité prend le dessus et sa profondeur dépasse ses moments de solitude. Un personnage complet qui a du sens.»

L'acteur a récemment vu Genèse - que le public québécois pourra découvrir en octobre au Festival du nouveau cinéma - en compagnie de plus de 2000autres spectateurs, à la faveur d'une présentation au festival de Locarno.

«C'était un peu comme dans un rêve. Je suis vraiment content. Je connais Philippe depuis plusieurs années [depuis Les démons] et je sais à quel point il ne laisse rien au hasard. Il a sa signature et je comprends son langage.»

Il ne sait pas encore s'il aura l'occasion de se rendre au TIFF, où Boy Erased - l'un des films les plus attendus du festival - sera lancé en primeur mondiale. Réalisé par Joel Edgerton, ce drame met en vedette Lucas Hedges, Nicole Kidman et Russell Crowe. Xavier Dolan y tient aussi un petit rôle. L'histoire est celle d'un jeune homme issu d'une famille ultra-religieuse qui doit suivre une «thérapie de conversion» afin de réprimer ses pulsions homosexuelles.

«Le personnage de Lucas découvre son homosexualité grâce à des expériences pas nécessairement agréables. Mon personnage, Xavier, a vécu un parcours assez similaire, mais il s'est distancié de ses parents, aussi très religieux. La rencontre entre les deux garçons a lieu à l'université. Dans le scénario, mon personnage vient de la Suisse, mais il a voyagé un peu partout dans le monde. Son accent n'est pas identifié.»

L'acteur a aussi prêté sa voix à l'un des personnages de Ville Neuve, un film d'animation de Félix Dufour-Laperrière, sélectionné dans la section Venice Days à la Mostra de Venise.

Tous les genres

Fasciné par les performances d'actrices et d'acteurs, Théodore Pellerin se construit lui-même une culture cinématographique et se fait un bonheur d'aller voir du cinéma d'auteur en salle. Il ne dédaigne pas se farcir un film de superhéros de temps à autre non plus.

«Mais j'attends qu'ils sortent sur les plateformes, précise-t-il. J'ai vu Avengers Infinity War pendant le vol vers Locarno et j'ai adoré ça. Je crois n'avoir jamais été aussi diverti de mon existence. Je me retenais même pour ne pas crier!»

Tous les genres, tous les styles. Pour tout un acteur.

Filmographie

> Endorphine d'André Turpin

Les démons de Philippe Lesage

Juste la fin du monde de Xavier Dolan

Boost de Darren Curtis

Never Steady, Never Still de Kathleen Hepburn

Ailleurs de Samuel Matteau

Chien de garde de Sophie Dupuis

First Light de Jason Stone

Isla Blanca de Jeanne Leblanc

Boy Erased de Joel Edgerton

Ville Neuve de Félix Dufour-Laperrière

Genèse de Philippe Lesage