Après avoir joué au théâtre durant deux ans avec Guy Nadon, Emmanuelle Lussier-Martinez crève l'écran dans Les mauvaises herbes de Louis Bélanger, aux côtés des Gilles Renaud, Luc Picard et Alexis Martin. Rencontre avec une jeune actrice à l'avenir fort prometteur.

Oubliez le cliché de l'actrice qui fuit la réalité avec son art. Bien qu'elle rêve de jouer Hedda Gabler, l'un des personnages les plus troubles et fascinants du répertoire, Emmanuelle Lussier-Martinez a les deux pieds sur terre. «J'aime jouer des situations extraordinaires, mais je ne voudrais pas les vivre dans ma vie. Pour moi, ce métier est basé sur la notion de jeu au sens premier du mot», explique la comédienne, rencontrée la semaine dernière, après le visionnement des Mauvaises herbes.

Dans son tout premier rôle au cinéma, l'actrice incarne Francesca, la jeune femme dégourdie qui travaille pour Hydro-Nord et sera capturée par ce drôle de couple formé par un acteur en fuite (Alexis Martin) et un vieux père misanthrope (Gilles Renaud) qui cultive 300 plants de cannabis dans sa grange.

Dès le jour 1 du tournage, qui a eu lieu en janvier et février 2015 dans une vallée enneigée des Laurentides sous un froid glacial, elle a eu des engelures après avoir été ensevelie sous la neige. Dans la deuxième scène, Lussier-Martinez devait se mettre en bobettes devant l'équipe de tournage. Or, rien ne semblait intimider l'actrice, qui livre une performance remarquable.

«Je ne fais jamais de recherche ou de préparation spéciale», dit celle qui est venue au jeu un peu par hasard après avoir étudié à l'Université d'Ottawa et à l'École supérieure de ballet contemporain.

«Pour moi, tout est dans le texte, dans l'écoute et la présence. Je joue concrètement la situation. Et je crois avoir de la discipline et une bonne éthique de travail qui me vient de ma formation en danse.»

Jouer des classiques

Cheveux courts, de beaux grands yeux bleus, des traits parfaits, Emmanuelle Lussier-Martinez a le visage d'une jeune première. Elle a un accent français normatif qui masque ses origines. Elle est née à Ottawa, d'une mère chilienne et d'un père canadien qui a grandi à Paris. On l'imagine campant des personnages classiques et récitant des vers de Racine, Beaumarchais ou Molière. Pourtant, c'est la création québécoise qui la tient occupée depuis sa sortie du Conservatoire de Montréal, en 2013. Elle a terminé samedi dernier à Vancouver la tournée de Tu te souviendras de moi de François Archambault, en même temps que prenait l'affiche le film de Louis Bélanger.

«Jusqu'à maintenant, j'ai eu beaucoup de chance, je touche du bois, dit l'actrice de 28 ans. Toutes mes expériences ont été positives.»

La comédienne remontera bientôt sur les planches, dans Les savants de Gabrielle Lessard, une jeune comédienne qui signe la production de sa première création, présentée au Théâtre Aux Écuries du 24 mars au 3 avril. Elle est également de la distribution du prochain long métrage des cinéastes Mathieu Denis et Simon Lavoie (Laurentie). Le titre, Ceux qui font des révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau, est une citation de Saint-Just. La sortie est prévue à l'automne 2016.